[La Reprise du Jeudi] The Black Keys annoncent Delta Kream, un disque de reprises blues

La semaine dernière, The Black Keys ont annoncé la sortie imminente (le 14 mai) de Delta Kream, un album comprenant 11 reprises de blues. Le premier extrait est une version de Crawling Kingsnake, un titre enregistré pour la première fois par Big Joe Williams en 1941, puis popularisé dans la même décennie par John Lee Hooker. Ses origines se perdent dans le delta du Mississippi, les archéologues ont pioché jusqu’aux années 20 et avancent des Black Snake Blues de Victoria Spivey ou Black Snake Moan de Blind Lemon Jefferson, des noms qui sentent bon la mythologie du style. Les amateurs des Doors ont eux en tête la version vicieuse et rampante placée dans LA Women en 1971.

 

Quelles autres légendes trouvent leur place dans Delta Kream ? Mississippi Fred Mc Dowell, RL Burnside et Junior Kimbrough avec pas moins de cinq titres. The Black Keys semblent vouer un culte à ce dernier, puisque ce n’est pas la première fois qu’ils le reprennent. Un EP entier en 2006, Chulahoma : The Songs of Junior Kimbrough lui était consacré. On trouvait déjà 1 titre leur premier album The Big Come Up en 2002 et un autre, Everywhere I Go dans le suivant Thickfreakness, un an plus tard.

S’il s’agirait donc d’un retour aux sources pour le duo d’Akron, composé de Dan Auerbach et de Patrick Carney. Pour qui se rappelle de la déflagration Thickfreakness, lourde et poisseuse, leurs dernières productions semblaient plus calibrés pour la radio, comme en témoigne le tube Lonely Boy en 2011. Ce n’est pas un reproche, loin de là, le groupe a su évoluer le long de sa carrière, lorgner vers des styles différents, et ainsi éviter les répétitions. Citons par exemple la géniale collaboration avec RZA du Wu-Tang Clan pour la BO du film The Man with the Iron Fists.

Beaucoup de références dans cet article, ça valait bien une playlist (click sur l’icone en haut à droite pour afficher le détail)

 

Mais il serait intéressant d’en savoir plus sur la passion des Black Keys pour Junior Kimbrough, et d’abord de savoir qui il est. Notre homme a gravé quelques sillons dans les années 60, puis est retourné jouer dans son juke-joint de Chulahoma, le Junior’s Place, pendant 30 ans. Jusqu’à ce qu’un explorateur arrive dans ce coin au nord du Mississippi . Aux Etats Unis, il existe donc des coins perdus à redécouvrir, ici quelques kilomètres au sud de Memphis. Dans les années 90, Junior Kimbrough va enregistrer sur le tard quelques disques pour le légendaire label Fat Possum. Il est sorti de son tiers monde comme un bluesman touareg ou un papi cubain avant qu’une crise cardiaque ne le terrasse en 1998. Son blues est qualifié de primitif, il joue les mêmes accords jusqu’à la transe, jusqu’à hypnotiser son auditoire. Pour en savoir plus, voici un article des plus intéressants sur Bluesagain. Quand Dan Auerbach tombe sur ces enregistrements : « Je sais ce que ça a de cliché-ique, mais l’écoute de cet album de Junior Kimbrough à 18 ans, celui avec la photo en noir et blanc d’un vieux monsieur jouant de la guitare posté à côté d’un juke-box, m’a transformé à jamais. Plongé dans une transe de plusieurs jours. Après cela j’ai quitté l’école pour devenir musicien.  » C’est une note imprimée sur la pochette du EP Chulahoma. On peut se dire que ce monsieur n’a pas été dérangé dans son bar pour rien.

 

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