Interview de BLOCKHEADS – 30/09/2023

BLOCKHEADS – interview réalisée au Muscadeath XXI le 30/09/2023 en présence de Nico (Batterie) et Xav (Chant)

Salut Xav, Salut Nico, comment allez-vous ?

Nico : Super pour l’instant !

Xav : On vient d’arriver. Ce matin levé à 6h00, parti à 7h00 (on est de Nancy) avec Loraine TGV pour traverser la France et arriver sur le site il y a 2 heures.

Frais comme des gardons (rire)

Nico : (Rire) Frais… Je ne sais pas mais on est là…

Xav : (Rire) Voilà c’est ça ! Accompagnés d’un petit verre de muscadet pour démarrer, une petite bière locale, en présence de plein de gens cool pour un super moment qui s’annonce !

Ça je n’en doute pas une seule seconde surtout avec vous ! On ne vous présente plus, avec la carrière que vous avez. Vous avez créé des genres musicaux, vous avez exploré énormément de choses. Qu’est qui a fait que ça se passe comme ça à votre avis ?

Nico : Créer des genres musicaux tu y vas fort (rire) !

(Rire) J’y vais un peu fort c’est vrai, mais il y a tout de même des mouvements musicaux qui ont été initiés à travers BLOCKHEADS.

Nico : On a surtout pris la suite (rire). On fait partie du mouvement c’est clair mais on n’est pas à l’origine du truc.

Par contre, dans les groupes d’il y a 30 ans, on est dans les premiers à avoir lancé le truc, peut-être en France en tout cas.

Xav : En fait, c’est que parfois tu te demandes pourquoi nous ? Parce qu’il y a tellement plein d’autre groupes qui sont tout aussi intéressant.

Après, on a démarré en 1992, quand on était ado au lycée. C’est un noyau dur d’amis, de copains de lycée. En étant très influencés par la scène Punk, Hardcore, une scène qui était vraiment émergeante dans l’Est de la France, qui a fait qu’en gamins autodidactes on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse comme nos grands frères.

Comme je le disais c’était vraiment une période où le Hardcore, le Grind et toute la scène alternative étaient en plein développement et que, de fil en aiguille, avec beaucoup de passion, d’énergie et de contact on y est allés. Et puis 30 ans après on est encore là.

Quand tu nous dis influencer … Ouais, mais avec beaucoup d’humilité. Car effectivement on commence à être des anciens maintenant, (Rire de Nico), il y en a plein qui nous respectent et qui font que l’on peut se dire que quand même, dans le temps d’une vie c’est quand même fou de partager ça. De voir justement que plein de personnes avec lesquelles on partage sont influencées.

De toute façon on est là pour transmettre, pour partager donc on est forcément toujours inspirés de quelque chose ou de quelqu’un. C’est cool parce que tout ça, ça fait l’effet d’une grosse boule de neige qui conduit à une scène qui ne fait qu’expérimenter, avancer et aller vers le haut !

En parlant d’inspiration, quelle est la vôtre aujourd’hui ?

Nico : Aujourd’hui ou il y a 30 ans ? Car justement ce sont deux choses différentes.

Aujourd’hui, on reviendra sur votre inspiration d’il y a 30 par la suite car oui c’est tout aussi important de connaitre la genèse du truc !

Nico : Alors aujourd’hui, nos inspirations… Dans les textes on est très orienté Punk avec des sujets sociaux, environnementaux qui nous touchent et qui nous inquiètent comme pour beaucoup de monde je l’espère.

Après dans le style, j’espère qu’on a trouvé notre voie et notre manière de faire que nous avons fortifiés d’années en années. Aujourd’hui, on n’essaie pas de copier l’un ou l’autre. On a notre manière de faire, de composer et d’avancer. On sait ce que l’on cherche et j’espère que c’est ça le style BLOCKHEADS !!

On n’a pas vraiment envie de se dire, bon tient, on va faire comme untel ou comme untel même s’il y a des choses qui nous plaisent. On est cinq dans le groupe, avec des gouts musicaux légèrement différents, ça nous inspire aussi et ça donne une teinte différente à ce que l’on peut proposer quand on compose. Mais au bout du bout, l’objectif est toujours le même : c’est d’avoir un titre efficace, qu’il va être possible de jouer en concert et qui va donner le résultat que l’on recherche par rapport aux gens que l’on rencontre. Notre but il est là.

Xav : Et aussi d’apporter vraiment du sens à tout ça. Il y a bien sûr les textes qui forgent une image et une identité de notre appartenance à une scène qui vient plus du Punk que du metal. Des textes qui abordent bien évidemment des thématiques récurrentes plus sociales dans l’approche qui font que c’est notre source d’inspiration première et qui malheureusement… malheureusement font que l’on peut parler de plein de sujet encore longtemps. Parce que sincèrement ça ne va pas en s’arrangeant. Et c’est pour ça qu’on est là, bien qu’on n’apporte pas forcément de solution, on souhaite au moins faire en sorte que les gens se posent ces questions sur ces sujets et se sentent concernés par rapport à ça.

Effectivement dans notre musique il y a cette violence, qui fait qu’il y a peut-être des choses que tu ne comprends pas trop quand tu es devant la scène parce que tu te prends l’énergie, l’adrénaline et la violence du truc. Mais à côté de ça, quand tu as le skeud entre les mains, c’est vraiment important de se dire : « Ah ouais quand même ! ». En fait il y a une certaine philosophie qui est propre au style mais qui est également propre à une certaine attitude dans cette scène.

Effectivement vous êtes musicalement très engagés (musique extrême) et il en est de même avec vos textes qui traitent de sujets importants. Pour vous rejoindre c’est malheureux que l’on puisse encore écrire sur ces sujets, mais si j’ai bien compris vous continuerez à vous exprimer dessus. C’est un souhait de votre part de continuer à tirer la sonnette d’alarme ?

Nico : Ah oui !!! Parce que ce sont des choses qui nous touchent et on parle forcément de ce qui nous touche et nous bouleverse. Ça reste une musique viscérale, si tu ne parles pas de quelque chose qui te touche tu ne pourras pas le pousser comme on le fait. Donc oui évidemment ceux sont des thématiques qui, comme le disait Xav, sont malheureusement toujours d’actualités, donc il n’y a pas de raison de changer. Il y aura peut-être d’autres problématiques qui vont arriver et qui vont nous toucher, elles deviendront aussi des thématiques que l’on abordera.

Après engagé oui, mais militant pas forcément. Ce n’est pas la même chose, il y a une différence importante. Certains d’entre nous le sont de manière individuelle, mais le groupe ne s’est jamais affiché comme un groupe militant. Par contre oui, nous avons des idées, des opinions et on les exprime, on est là pour partager.

En effet, on a vraiment le sentiment qu’il s’agit d’un cri qui sort du fond des tripes !

Xav : Voilà c’est exactement ça. Et apporter du sens aux choses est essentiel, quelle que soit la discipline.

Tout à l’heure on parlait ensemble de l’écriture, de la photo, de l’art… tout ça n’est pas gratuit, ça doit être chargé de sens et c’est également le cas dans ce style musical qui est propre aux pionniers avec des NAPALM DEATH et autres. Ils restent dans une ligne de conduite qui fait que justement les paroles sont vraiment importantes.

Après l’inspiration d’aujourd’hui, pouvez-vous nous en dire plus sur l’inspiration du début. Comment est né tout ça, quelles étaient vos inspirations ?

Xav : Je suis à l’origine du projet et ça a commencé tout simplement avec le voyage d’un gamin en Angleterre. J’étais dans une logique, comme tout ado, à chercher des superlatifs de ce qui est le plus extrême en expérience en tout genre… Voilà… Un bon ado quoi ! (Rire)

Durant ce voyage, on me dit : « ce qu’il y a de plus brutal c’est ça » en me montrant le l’album Scum de NAPALM DEATH et « ce qui gueule le plus c’est ça » en me montrant l’album Slowly We Rot de OBITUARY. Du coup j’ai pris les deux albums.

De retour à Nancy, j’ai mis les albums sur la platine chez mes parents. Ils m’ont dit : « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? »… Du coup, j’ai augmenté le volume et je leur ai fait écouter vingt fois You Suffer. Le truc il dure trois secondes mais je leur ai mis en boucle pendant une heure (Rire), jusqu‘à ce qu’ils crisent (rire). Un vrai con d’ado quoi (rire).

Et puis, il y avait également toute la scène Hardcore avec les SUICIDAL TENDENCIES par exemple, ainsi que le scène crossover qui venait du Punk, qui avaient cette énergie dont j’avais envie.

Ne sachant pas jouer, tu vas voir tes potes et tu leur dis : « Ça vous dit qu’on se monte un groupe ? ». On gravitait tous aux mêmes endroits autour du cercle Nancéien à 15 km à la ronde et on se retrouvait dans les mêmes concerts. On se connaissait tous au fil des rencontres et c’est comme ça qu’est né BLOCKHEADS.

D’ailleurs BLOCKHEADS, ce nom ça vient d’où ? Déjà ça veut dire « cinglé » ou « dérangé de la tête ». A l’époque je faisais du skate (et j’en fait toujours), j’avais une planche d’une marque (qui existe encore) très très underground qui est Block Head Skateboards. En voulant monter un groupe il nous fallait un nom… Et j’ai balancé : « Les gars, si on ajoutait un …s » en regardant le nom de ma board, ça fait BLOCKHEADS : « les cinglés » … (rires). Et voilà comment est venu le nom ! Ça ne va pas chercher plus loin, c’est vraiment un truc potache d’ado. En définitive, tout est parti d’un truc de gamin, de jeunesse, de simplicité, d’insouciance et d’immaturité.

C’est juste fou en fait de se dire qu’à l’époque on avait des posters de NAPALM DEATH dans nos chambres. Et maintenant ce sont les membres de NAPALM DEATH qui nous demandent des tee-shirts de BLOCKHEADS. Et c’est tout aussi fou de voir Shane Embury qui t’envoie un mail en te demandant quand est-ce que vous allez sortir votre nouvel album ?… Mais tu te rends aussi compte que tout ça fait une scène avec plein de générations, avec des gens simples qui font que ça fait avancer la scène.

Pour la petite anecdote, notre deuxième concert à Nancy où je devais avoir à peine 18 ans, c’était avec CARCASS

C’est énorme, ça rejoint ce que tu disais tout à l’heure : l’un de tes premiers disques achetés du genre était OBITUARY et tu as aussi joué avec eux. Ça fait quoi de jouer aux côtés de groupes que tu as écoutés quand tu étais plus jeune ?

Xav : Oui ça fait drôle au début bien sûr, puis tu sais avec le temps on se connait avec certains et ensuite tu échanges amicalement avec eux et tu prends des nouvelles… C’est la vie tout simplement en fait.

Et vous pensiez en arriver là quand vous avez commencé ?

Xav : Non pas du tout et avec le recul tu te dis… Putain 30 ans déjà… Sur le temps d’une vie… J’avais 17 ans en démarrant tu rajoutes les 30… C’est juste un truc de malade en fait…

Mais là, on est dans un mode de fonctionnement où l’on a toujours revendiqué le fait que nous ne sommes pas des musiciens. On fait ça pour le plaisir et on ne se considère pas comme des musiciens. On est vraiment là pour partager un truc avec le public en toute simplicité et avec notre ‘came’ qui est le Grindcore et encore une fois ça ne va pas chercher plus loin. Nous ne sommes pas des nombrils à pattes, nous n’avons pas un égo surdimensionné. Tout cela, de façon contestataire on le refuse ! C’est anti-héros !

Voilà, on est dans une logique de fonctionnement simple, familiale et toujours avec le public. C’est du ON/OFF en fait. Ou comme un cocktail molotov que tu allumes, tu le balances et ça te pète à la gueule et après voilà tout le monde y va quoi !!!

Maintenant on passe aux questions rapides à 2 choix vous êtes prêt ?

Bière ou Whisky ?

Nico : Bière

Xav : Ah bon… tu ne dis pas whisky toi ?

Nico : Moi je suis whisky mais le groupe est plus bière

(Rire général)

Xav : Et moi Tequila… Mais on adore la bière et lui (en parlant de Nico) il est plutôt whisky.

Nico : C’est vrai je suis plutôt amateur de whisky, les tourbés

Concert ou studio ?

Nico : Concert

Xav : Concert

Concert ou festival ?

Nico : Alors quelle différence tu fais ? Car ça dépend du point de vue dans lequel on se met.

Je pensais notamment sur la différence du temps de préparation du groupe.

Nico : Ok, parce que pour cette question j’aurais spontanément dit concert mais pas pour ces raisons, c’était plutôt en termes de proximité.

En fait, l’idée c’est que notre musique, comme l’a dit Xav, c’est du partage, c’est du rentre dedans et il faut qu’on ait du répondant. Ce répondant, on l’a beaucoup plus avec des personnes qui sont à 20 cm de la scène qu’avec des personnes qui sont à 4 mètres derrière des barrières. C’est plutôt ça.

Xav : Moi c’est plutôt cave, grange, salle de concert, festival et … Sur la Lune (rire) !

Nico : Chaque concert a son ambiance particulière et on s’éclate aussi dans les festivals car on rencontre plein de monde et on touche plus de gens. Et ça c’est vraiment cool. Mais lorsque tu arrives dans une salle, où l’entrée est en fait une porte de cave qui s’ouvre vers le bas et que tu ne sais pas où tu vas quand tu descends… Et que tu arrives dans un sous-sol… Ça c’est vraiment kiffant !! On fait des concerts extraordinaires dans des salles comme ça !

Xav : En fait, on fait toujours les concerts de la même façon. Donc oui, effectivement, on peut aller au Hellfest mais si demain on décide de jouer dans une cave on ira et on jouera de la même façon !

Vous en faites encore des concerts de type cave ?

Nico : Oui !

Xav : Oui ! Et dès fois on se fait vraiment plaisir avec des projets ultra-underground, limite privés.

D’où cette philosophie qui vient du ‘Do it yourself’ aussi. Car on a la chance d’être appelés aussi bien sur des gros festivals que de la part de quelqu’un qui a un réel projet mais qui n’a pas une thune. Et en plus si c’est pour jouer pour une bonne cause et bien Why not !

La dernière chanson écoutée ?

Xav : Moi hier sur la route Scum

Nico : Moi c’était un morceau de FANGE. J’ai un i-pod avec beaucoup de mélange et je crois que le dernier titre c’était du FANGE.

Xav : Non, non, attends, je crois que je te mens… Enfin je ne te mens pas car j’ai effectivement écouté du NAPALM DEATH avec Scum et ça c’est une habitude parce que je l’écoute au moins toutes les semaines voire plusieurs fois par semaine depuis 30 ans. C’est comme un rituel en fait. (Rire).

Mais le dernier morceau écouté est de KARRAS qui est sorti hier, qui sont de très bons potes, avec qui nous avons fait la tournée l’année dernière, il y a à peine un peu moins d’un an. Donc leur album est sorti hier et dans ma bagnole je l’ai écouté deux fois de suite… Il est excellent !! Je vous le conseille !!

Nico : Après en album pour moi c’est le dernier MEGADEATH Senjutsu que je trouve super.

Maintenant on arrive sur la question qui fait mal… Si vous deviez choisir un seul album ça serait lequel ?

Xav (et ce sans aucune hésitation palpable !!) : Moi toujours la même réponse Scum !

Nico : Je pense que ça serait OBITUARY ou NUCLEAR ASSAULT

Xav : Lequel ?

Nico : The End Complete parce que c’est l’album qui m’a fait découvrir le groupe et je le trouve toujours aussi énorme !!

Xav, Nico, je vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé. Je vous laisse le mot de la fin et on se retrouvera tout à l’heure (dans le pit pour ma part) et surtout éclatez-vous autant que nous !!

Le mot de la fin est pour vous !

Nico : Merci à toi !

Xav : Ben je dirais longue vie à tout ce que vous faites, et RDV tout à l’heure pour un moment avant tout de partage et de Blast !!

Le site officiel du groupe : Cliquer ici

Texte : Nicolas F. allias @Spirou

Photos :  Aurélie La Faute (son insta)

Lieu : Espace Culturel Le Champilambart (Vallet, France) | 30/09/2023

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