Question Mark & The Mysterians – 96 Tears
Ce groupe a été formé en 1964, quelque part dans le Michigan. À sa tête un gus qui avait compris que pour l’on parle de lui il fallait entretenir un certain mystère. Pour preuve: sa première formation se nommait XYZ, la suivante, The Mysterians, composée de musiciens immigrés hispaniques qui avaient quitté leur Texas et leur Mexique natals. Peu s’en faut pour déduire que le ″? ″ ne serve qu’à cacher un pseudo, celui de Rudy Martinez qui, pour entretenir le questionnement, ne quittait jamais ses lunettes de soleil [NDLR: Comme quoi Gims n’a rien inventé!]. Après deux années de concerts sans succès, ? and The Mysterians sont signés sur un minuscule label local et, sans le vouloir, se retrouvent à l’origine d’un immense tube. 96 Tears parait en août 1966. Tiré à 750 exemplaires il devient très vite le chouchou des radios du coin. Dans la foulée, les droits son rachetés par Neil Bogart – président de Cameo Records (également découvreur de Donna Summer et de Kiss) – pour que le single bénéficie d’une écoute nationale, s’écoule à un million d’exemplaires, devienne N°1 aux Etats-Unis en octobre et entre dans les hits parade européens. Des larmes, d’accord, mais pourquoi 96? Bonne question! Merci de l’avoir posée, à Martinez notamment qui refusait d’y répondre sous prétexte de signification ésotérique qu’il refusait de dévoiler. Il faut dire que le mec était quelque peu barré. Il prétendait venir de la planète Mars, avoir vu les dinosaures et être persuadé qu’il reviendrait dans 10 000 ans pour interpréter à nouveau sa chanson. Des larmes donc, celle du gus qui vient de se faire larguer par sa copine et promet de se venger. ″Trop de larmes. Trop de larmes pour qu’un cœur puisse continuer à battre. Depuis que tu m’as quitté tu es au mieux et tu te moques encore de moi. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot, j’y arriverai. Nous serons ensemble pendant un petit moment encore et puis je vais t’anéantir. Alors tu vas verser 96 larmes″.
Quant à la mélodie, simplissime. Sur un orgue Vox Continental, deux accords obsédants qui scandent l’intégralité de la chanson. Quelques temps plus tard, 96 Tears se verra attribuer pour la première fois le qualificatif de ″punk rock″ par Creem Magazine et sera reprise de nombreuse fois: Aretha Franklin, The Residents, Thelma Houston, Garland Jeffreys, Suicide, The Stranglers, Iggy Pop, et, en France, par The Dogs.
Remets une pièce dans le Juke Box!
Patrick BETAILLE, février 2023