The New Power Generation « Celebrating Prince » – Jazz In Marciac – 23/07/2022

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Texte : Annie Robert
Photos : © Thierry Dubuc : Cliquez ici
Lieu : Marciac, (FRANCE)

Une soirée nostalgie explosive, débridée et intemporelle. Une première partie exceptionnelle nous attend paraît il, ce soir, présentée comme un événement en soi, un moment rare à vivre à fond et une deuxième partie tout aussi débridée Marciac nous a habitué à des moments de ce genre. Et on ne demande qu’à y croire….
The New Power Generation Ce groupe qui a accompagné Prince le plus longtemps dans sa carrière (de 1990 à 2003), et dont la composition n’a cessé d’évoluer, est sur scène pour faire vivre et revivre la musique du Kid de Minneapolis. Les débuts du groupe ont coïncidé avec l’adoption par l’artiste des sonorités du new jack swing et du rap alors en vogue, avant un recentrage sur la soul et le rock. On sait donc ce qui nous attend. Certains des membres ont directement travaillé avec lui, c’est le cas du rappeur et guitariste Tony Mosley dont la scansion et la présence s’imposent à nos oreilles. D’autres ont collaboré sur certains titres ou projets. Tous, en tous cas, sont imbibés profondément de l’esprit musical diversifié et multiple de Prince.

À la mort du chanteur en 2016, le NPG s’est reformé le temps d’un mémorable concert hommage. Depuis, sous la direction musicale de Morris Hayes – déjà directeur musical du « NPG » sous Prince et claviériste de talent, renforcé par l’incroyable chanteur MacKenzie, le groupe s’est donné pour mission de faire exister encore et toujours la musique qu’ils ont jouée et composée avec Prince.

Vont ils être à la hauteur du défi ? D’abord dans l’expectative, la salle est sagement à l’écoute pendant les deux premiers morceaux. On attend de voir: pâle copie ou sublimation intemporelle? Mais rapidement envoûtée par un son musclé et bien funk, une énergie survoltée portée par des showmen affutés, efficaces, saturés de rythmique, la chaleur va déborder de partout et les allées se voient envahies par des danseurs debout ; jeunes et moins jeunes mêlés, cheveux gris, cheveux noirs, petits bedons ou muscles saillants, danses endiablées ou petits déhanchements. Le partage est réjouissant et tonique, intergénérationnel. Dans ces moments là, je me mets à aimer mes contemporains un peu plus, leur fureur, leur enthousiasme et leur abandon. Les fans s’éclatent dans un plaisir contagieux qui ouvre les yeux et les oreilles, éclaire les sourires.

Le chanteur du groupe, l’incroyable Mackenzie les happe dans une liesse collective. Sa présence est impressionnante : micro tatoué sur des biceps de forçat, top à paillettes, ongles peints en blanc et déhanché suggestif, il a l’ambiguïté en sueur requise pour le job, mais pas seulement. Une voix puissante, capable de monter dans les aigus les plus feulants, et les impros déjantées, il impulse aux titres de Prince une marque de renouveau bien réelle. Les titres se succèdent Kiss, Cream et autres succès scandés par les frappés de mains de la foule, les refrains sont repris parfois en entiers. Et toujours le martèlement funk, d’une joie tellurique de la batterie de Brandon Commodore.

Les chansons plus lentes sont portées par une grâce efficace et un sens mélodique proche du blues. Peu à peu le son s’éclaircit et chaque instrument dévoile sa valeur et son rôle. Mike Scott est un véritable guitar héros à découvrir, aussi étourdissant que la plume rouge qui orne son chapeau et Keith Anderson au saxophone n’est pas en reste dans les impros. Les éclairs qui barrent le sigle NPG de fond de scène sont largement réels, ils traversent la foule, électrisés de partout, bien chargés de testostérone et sexualisés à mort. Une vitalité à toute épreuve, une essence brute et sophistiquée à la fois. A l’image de Prince. Une musique faite pour danser, s’émouvoir, s’aimer, aimer, douter et choquer difficile à classer, provocante mais indispensable. Un air de sueur et d’églantine mêlées.

La communion va crescendo et va se clore par l’indispensable Purple rain interprétée de façon touchante et joyeuse. Malgré la mort de Prince, sa musique reste effectivement bien vivante et la NPG en est l’agitateur de flamme qui lui fallait, la qualité, l’engagement physique et musical des sept musiciens n’y étant pas pour rien.

Effectivement un moment rare et précieux. C’était promis, c’est tenu et de belle manière!

 

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