Le Son du moment – Valoy / Heureux dans la vie
Commençons par une devinette. Quel point commun entre Fishbach, Orelsan et Alan Stivell? On vous le donne en mille: aucun, sinon des routes qui ont croisé à différents titres celle du dénommé Olivier Vallois, alias Valoy, dont le troisième album « Dolman » est à découvrir séance tenante.
Musicien, auteur, compositeur, producteur, ingénieur du son, on pourrait presque ajouter metteur en scène tant ses compositions ont une qualité cinématographique, l’artiste est un peu la somme des différentes fonctions qu’il endosse depuis des années, chacune se nourrissant des autres.
Après un premier essai à la tonalité folk-rock, « Police secrète de Varsovie » (2003), puis un second plutôt électro « 24’ piece » (2009), Valoy revient donc avec un troisième opus, « Dolman » (hommage discret au regretté chanteur de Marquis de Sade, Philippe Pascal, originaire de Dol de Bretagne), qui se situe dans une parfaite continuité.
L’une des réussites de cet album tient d’ailleurs au mariage de ces deux tendances qui se succèdent de titre en titre sans nuire à la cohérence d’ensemble. Ainsi le très réussi morceau d’entame, « l’Homme Neuf », qui mêle bruitages, sons synthétiques et organiques, nous plonge dans une ambiance électro-rock qui se poursuit tout naturellement par « Rien à refaire », une chanson au gimmick entêtant où les machines prennent les commandes. Plus loin, c’est un des singles du disque, « Nuage », avec sa ritournelle à la Depeche Mode, piquée de guitares électriques, qui vous emporte, quand « C’est l’Eté » démarre avec quelques accords plombés à la Crazy Horse.
Tout au long de l’album reviennent également des lignes de force qui ne laissent pas de séduire et d’intriguer. Comme ce parlé-chanté, qui évoque parfois Bertrand Belin ou le Gainsbourg de Mélody Nelson. Avec ces tempos, tantôt lents, tantôt rapides, où la voix se pose avec une majesté languissante, tandis que les arrangements, toujours subtils, jamais envahissants, rehausse une forme de désenchantement paradoxal, hésitant entre la lumière et l’ombre. Jusqu’à la touche finale, « Un point c’est tout », parfaite avec seulement ses quelques notes de piano et ses lointains violons.
S’il partage son temps entre les tournées comme ingénieur du son (Orelsan, Stivell), la production, la composition et l’écriture, Olivier Vallois possède un autre atout : l’art de manier les mots, en racontant, l’air de rien, nos turpitudes, nos angoisses mais aussi nos petits bonheurs d’individus contemporains. Ce n’est pas un hasard si Fishbach lui a confié les textes de son album « A ta merci » et s’il écrit aujourd’hui pour Maud Geffray, la moitié du duo électro Scratch Massive.