Andy Warhol & Alan Aldridge – Chelsea Girls

Quand lui vient l’idée de ce film, Andy Warhol pense d’abord le tourner dans l’arrière-salle du Max’s Kansas City, sa boîte de nuit préférée. Chemin faisant, le concept évolue et finalement, à l’automne 1966 la décision est prise. C’est le Chelsea Hotel qui servira de décor. C’est là en effet que logent à l’année de nombreux artistes de la pouponnière d’artistes de la Factory. Sur un peu plus de trois heures et en mode Split-Screen, Andy Warhol et Paul Morrissey suivent la vie de certains des occupants des chambres de l’hôtel newyorkais. Entre expérimentation et contre-culture si chères à l’artiste, chaque scène comporte sa propre bande son et joue avec des alternances d’images photographiques noir et blanc et couleur. En cette période de libération de mœurs, la connotation avant-gardiste et érotique de Chelsea Girls fait sensation mais pas toujours de façon positive.  Roger Ebert, critique cinéma du Chicago Sun, décrit le documentaire comme ayant ″peu de valeur intrinsèque″. Le magazine Variety parle de ″trois heures et demie inutiles et terriblement ennuyeuses″.  Le public, lui, est au rendez-vous et offre à Warhol son premier grand succès commercial sur lequel vient se greffer un engouement inouï pour l’affiche du film.

C’est Alan Aldridge, un graphiste designer et illustrateur anglais, qui est à l’origine de l’illustration à propos de laquelle un Warhol dithyrambique dira: ″j’espère que le film soit aussi bon que son affiche″. L’image en question parvient à capter et traduire de façon mémorable l’essence même de Chelsea Girls: psychédélisme et érotisme à la frontière de la pornographie.  Pour atteindre son but, l’artiste joue avec plusieurs élément suggestifs et torrides. Des personnages dans des situations sans équivoque s’affichent aux fenêtres. En toile de fond, Clare Shenstone – une artiste en herbe alors âgée de 16 ans – pose nue et son entrejambes, comme une invite, héberge la porte d’entée de l’hôtel. Tout un programme et surtout un tour de force de la part du designer qui la même année se fait remarquer avec la pochette de A Quick One des Who, plus tard avec des illustrations de livres consacrés aux Beatles, et en 1975 avec celle de Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy de Sir Elton John (Merci Globrocker!). C’est également Alan Aldridge qui est à l’origine du logo du Hard Rock Cafe.

Patrick BETAILLE, février 2021. Cliquez ici pour retrouver tous les articles: Black Bonnie!

There are 2 comments for this article
  1. anaïs at 13 h 08 min

    ! le film est une commande de Jonas Mekas qui voulait un film de la Factory pour diffuser dans sa cinémathèque ; c’est vrai que le film a peu de valeur, il est futile et désinvolte ; les seules bonnes choses sont l’absence de montage, image et son, parce que Morrisey utilise des bobines qui font au plus 30 min et que le son est enregistré direct sur la pellicule, et on y voit Gerard Malanga claquer du fouet, les lumières qui saturent certaines scènes sont celles du light show utilisé lors de la tournée du Velvet Exploding Plastic Inévitable ; peut-être radicalement anticonformiste à son époque, terriblement conformiste de nos jours ;

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