Syd Barrett – The Madcap Laughs

Après avoir été débarqué de Pink Floyd en avril 68, Syd Barrett enregistre quelques chansons en vue d’un album solo. Dans un premier temps le projet tombe à l’eau. Le musicien est en train de payer la facture d’une consommation excessive de drogues et, suite à une rupture amoureuse, son état dépressif nécessite un internement dans un hôpital psychiatrique de Cambridge. Au printemps 1969, Barrett repart d’un bon pied et parvient à boucler 13 morceaux parmi lesquels certains bénéficient de la collaboration de ses anciens comparses David Gilmour et Roger Waters. The Madcap Laughs sort le 3 janvier 1970. Musicalement minimaliste, les mélodies sont parfois naïves mais elles prennent souvent une tournure plus sombre. L’album est à bien des égards une représentation de l’état d’esprit d’un individu tourmenté et décadent qui n’a plus la lumière à tous les étages. Même la pochette bénéficie d’une ambiance déconcertante au cœur de laquelle se côtoient dénuement, délire et surréalisme. Syd, pieds nus et hirsute, est accroupi au milieu de la pièce principale d’un appartement londonien qu’il occupe depuis décembre 1968 et où il se consacre à sa passion première, la peinture. Dans un décor dépouillé, posé à même le sol, un vase de jonquilles. La veille de la prise de vue, l’artiste avait badigeonné les lattes du parquet en orange et violet avec l’aide d’une amie rencontrée en mars 1969: Evelyn Rose. Née au Pakistan et surnommée ″Iggy the Eskimo″ à cause d’origines lointaines, elle pose nue au dos du disque. Mick Rock, l’auteur des clichés raconte: ″Quand je suis arrivé pour la séance photo de The Madcap Laughs, Syd était encore au lit, en caleçon, et Iggy était entièrement nue dans la cuisine″. À cause d’un grain exagéré dû à la faible luminosité, le photographe reconnaitra plus tard que les deux images n’étaient techniquement pas parfaites mais que néanmoins elles capturaient parfaitement l’atmosphère du moment et le glamour multicolore du Swinging London psychédélique de la fin des années 60. Comme dit le Chat du Cheshire d’Alice au pays des merveilles: ″We are all mad here″ (Chacun à sa manière, nous sommes tous fous).

Patrick BETAILLE, novembre 2020. Cliquez ici pour retrouver tous les articles: Black Bonnie!

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