[La Reprise du Jeudi] Emily Loiseau rend hommage à Lou Reed

Aujourd’hui, 50 ans après le fin du groupe, 7 ans après la disparition de son leader absolu, le Velvet Underground et Lou Reed sont toujours et plus que jamais la référence absolue pour toute formation à la mise irréprochable. Le souvenir des New Yorkais réfère autant à l’aspect arty par leur proximité avec Andy Warhol qu’à sauvagerie d’un monde fait de cuir, de partouzes et de drogues dures. Un héritage radical qui pourrait être lourd à porter mais pourtant généralisé dans la sphère rock actuelle, et donc surement édulcoré.

Ce mois de septembre, Emily Loiseau a sorti Run Run Run, un disque hommage à Lou Reed, capté live lors de précédentes tournées où elle jouait son œuvre et lisait sa bonne parole. La belle personnalité de la franco-anglaise peut-elle cohabiter avec l’ombre tortueuse du New-Yorkais ?

Le résultat paraît mitigé. On sent une assistance à l’écoute comme pour un récital de chants sacrés, plus composée d’instituteurs que de travestis (bien que l’un n’empêche pas l’autre). Accompagnée du guitariste hongrois Csaba Palotaï et de l’actrice Julie-Anne Roth, on ne la sent pas forcément dans son élément sur Run Run Run, puis on se dit que Sunday Morning ou Femme Fatale auraient pu mieux s’adapter à son univers. Pourtant, elle semble avoir fait les bons choix quant à la liste des morceaux repris, évitant les plus sordides et leur préférant les morceaux rêveurs ou amoureux. La lecture de textes, de morceaux d’interviews de Lou Reed est instructive, bien qu’un rien solennel, sauf que Le Menuet Rock et ses scènes des bas-fonds lues comme l’évangile selon Saint Luc frise le ridicule, qu’elle avait su éviter jusque là.

 

Puis Extase introduit parfaitement Walk on the Wild Side, double dose de promenade nocturne. Le piano cabaret de I’m sticking with you puis Small Town permet à Emily Loiseau de se lâcher un peu, débrider une prestation qui en avait besoin. Insuffisant pour gommer l’impression de malaise. Juste avant le Perfect Day final, Julie-Anne Roth dit « le rock’n’roll est tellement génial, les gens devraient se mettre à mourir pour lui ». Mais ce disque n’a pas déjà amené Lou Reed dans un musée ? Oui, c’est dur pour Emily Loiseau qui mérite tout notre amour. Reconnaissons lui le courage de s’attaquer frontalement à l’œuvre de l’icône, là où beaucoup se contentent de s’inspirer d’un style, d’une image.

Et puis réécoutons-nous des bijoux tel que Tyger ou Eaux Sombres.

 

Bonus : On disait plus haut que Emily Loiseau avait évité dans sa sélection les morceaux référant à la dope et autres choses sordides. En voilà une qui, de la candeur de ses 19 ans, s’encanaille de bon cœur. En 1991, sur le plateau de Les Nuls : L’émission, Vanessa Paradis reprend I’m waiting for the Man accompagné de l’impeccable groupe local. Quelqu’un qui parlerait anglais comme une vache espagnole penserait qu’elle attend son homme sous la douce chaleur de sa couette. Non, l’homme en question est le dealer d’héroïne, toujours à la bourre …

 

Enfin, ne nous quittons pas sans un original, pour ceux qui n’ont jamais léché de botte de cuir, un descente dans l’univers sadomasochiste avec Venus in Fur du Velvet Underground.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *