[La Reprise du Jeudi] Hey Joe, pourquoi t’irais pas faire un tour en taule ?

Cette année, on commémorera à un moment donné les 40 ans du vomi  fatal de Jimi Hendrix et on devrait à cette occasion entendre son Hey Joe sur les ondes. Si vous le n’avez jamais fait, soyez attentifs aux paroles. Le narrateur croise un Joe passablement énervé, flingue à la main. Il lui demande alors où il va comme ça et l’intéressé dit que sa meuf a été vue en ville avec un autre mec alors qu’il va la descendre. Alors il s’inquiète de ce qu’il va devenir et Joe dit qu’il va essayer de rejoindre le Mexique pour échapper à la chaise électrique. La guitare de Hendrix est démoniaque sur ce titre, dans un registre blues qui semble plaindre Joe et la poisse qui colle à ses souliers. Mais à aucun moment, le texte ne s’apitoie sur la pauvre fille qui gît dans son sang. Nous étions dans un époque pas vraiment #metoo, le morceau ne pourrait jamais devenir aussi populaire aujourd’hui.

 

La discographie de Hendrix contient quelques reprises comme Wild Thing des Troggs ou All along the Watchtower de Dylan. Hey Joe a des origines moins évidentes. Lui l’a publié en 1967 sur son premier album Are you Experienced ? après des Californiens eux aussi restés dans la légende, Love et The Byrds sur leur album Fifth Dimension en 1966. Plus tôt la même année, Tim Rose, un artiste folk déjà vu aux côtés de Cass  Eliott ou de Jefferson Airplane, interprète Hey Joe dans une ballade rageuse dans une intensité crescendo doublée de cœur qui n’est pas sans rappeler la version de Hendrix. Rose réclame la paternité du morceau bien que The Leaves, un groupe de San Fernando, l’ait enregistré en 1965 dans une version garage toute cracra. Tant de versions en si peu de temps, pas simple de s’y retrouver.

 

Mais il convient de reculer encore dans le temps. En 1962, un certain Billy Roberts (autant dire monsieur tout le monde aux USA) a écrit une chanson folk qu’il a appelé Hey Joe, dont il détient les droits d’auteur. Il n’a à peu près fait que ça, mais voilà qui devrait clore le chapitre.

A noter qu’il existe une version où sa guitare acoustique suit parfaitement les notes vertigineuses sous l’électricité de Hendrix, mais elle semble postérieure à celle du Voodoo Chile.

Sauf que ce Roberts, au début des années 60 est sorti quelques mois avec une jeune étudiante qui s’appelait Niela Miller et que la postérité n’a pas non plus retenue. Enfin une demoiselle dans l’histoire et elle en est le début, puisqu’en 1962 également, elle a sorti un 45t, Please don’t go to Town. Il semblerait que ce soit la mère qui demande à sa fille de ne pas aller en ville ce soir, parce que les jeunes hommes vont encore se saouler et qu’il y aura forcement du grabuge. Bien que l’enregistrement soit plutôt primitif et que la voix puisse piquer les oreilles, il paraît clair que ce titre ait inspiré les suivants …

 

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