[La Reprise du Jeudi] Iko Iko, du tube de l’été aux origines

On a pas tous le même rapport au tube de l’été. Pour certains, il représentera 95% de la consommation musicale annuelle, pour d’autres, c’est le diable. Si pour toi, la Lambada est avant tout une grand escroquerie et que tu n’as jamais pu enchainer plus de deux mouvements de la Macarena, tu fais surement parti de la deuxième partie de la population. Et tu ne sais peut être pas qu’un des tubes de cet été 2021 est Iko Iko par Justin Wellington, dont le succès a d’abord grandi sur Tik-Tok, peut être une autre raison de ton ignorance. Notre homme est né et a grandi en Papouasie Nouvelle Guinée avant de traverser la mer de Corail et de s’installer en Australie, là il commence une carrière musicale au début des années 2000, entre reggae, pop et dancehall. Et ce n’est donc que maintenant qu’il passe de figure locale à hit mondial. Il avait déjà enregistré Iko Iko il y a 4 ans, mais c’est une nouvelle version « Summer 2021 » qui s’est répandu à toute vitesse sur les internets, de réseaux sociaux en plateforme de streaming.

Alors qu’est ce qu’il a d’extraordinaire ce Iko Iko ? Bah, comme souvent pas grand chose. Il y a des rythmes aussi rebondis que les fesses des demoiselles qui bronzent autour de la piscine, des danseuses qui exécutent une vague chorégraphie, un break avec un chanteur ragga. Bref, pourquoi ce morceau plutôt qu’un autre ? C’est toujours un mystère. Mais il serait bon de traverser le Pacifique et de revenir aux origines de ce morceau, un classique de la Nouvelle Orléans qui raconte la confrontation de deux tribus indiennes qui s’espionnent l’une l’autre en vue du défilé de Mardis Gras. Entouré de quelques cuivres, James « Sugar Boy » Crawford est le premier à enregistrer ce chant folklorique en 1953 sous le nom de Jock-O-Mo, des mots dans un patois local dont il avoue volontiers ne pas connaître la signification. Plus tard en 1965, les Dixie Cups enregistrent une chanson que chantait leur grand mère, c’est la même, mais sous le titre de Iko Iko. Le groupe de frangines venues de Louisiane connaitront leur petit succès avec ce titre soul auquel elles donnent des airs caribéens.

Durant les années 80, un autre groupe féminin va obtenir un tube avec ce titre. Les londoniennes de The Belle Stars le replacent dans leur époque et leur version sera incluse dans la BO du film Rain Man. Nombreuses sont les reprises de Iko Iko et ses origines créoles font qu’elles se placent autant dans des registres jazz / blues que dans les musiques de îles des Caraïbes. Une autre interprétation notable, peut être parce qu’elle réunit les deux mondes et qu’il s’agit d’une figure de la Nouvelle Orléans, est celle de ce vieux sorcier de Dr John (paix à son âme) sortie sur son album Gumbo de 1972. Il y a son piano, sa voix rocailleuse relevée de chœurs et de cuivres, c’est savoureux, ça donne envie de se servir un grand verre de rhum en dodelinant des épaules.

Voici une playlist avec tous les titres dont il est question dans cet article (icône en haut à droite pour le sommaire)

 

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