Un dimanche au festival Musicalarue

Les derniers dodos sont landais

Après une soirée de vendredi plutôt réussie, retour à Musicalarue en ce dimanche, assez tôt pour aller aux spectacles de rue, mais trop tard pour les prendre dès le début. Il y a là un monsieur qui demande au public de lui jeter des chaussures dessus, il y a en un autre tout de tiroirs en bois vêtu, intrigant mais c’est fini. Les derniers spécimens de dodos fendent le public, ils doivent être encore plus vieux que Pierre Perret. Cinq éphèbes, semblables aux esclaves affranchis de Games of Throne, se lancent dans une joute de séduction du public, gonflant biceps et pectoraux, virevoltant en balai au dessus d’un tonneau, un balai plutôt brosse puisque ces messieurs passent aussi la serpillière. Le tout sans parole mais au son d’une guitare blues. Le vent naissant agite les feuillages, des nuages d’orages montent à l’horizon.

Au Théâtre de Verdure, Camille a installé sur scène percussions et choeurs angéliques. Tout ceci s’anime avec dynamisme, voici le single Fontaine de Lait, je n’aurais pas le temps de savoir si je rentre ou pas dans son univers, mais je crois préférer celui aux charmes plus discrets de Emily Loiseau par exemple. En passant à l’Espace Pin, Bonduran joue un math rock de très bonne facture, intense et puissante envolée de guitare. Les gars de la côte invitent à danser la carmagnole, le public est déjà bien réactif alors que la soirée ne fait que commencer, le plancher n’a fini de vibrer. Voilà un groupe qu’on pourrait retrouver à la Ferronnerie à Jurançon, si ce n’est pas déjà fait.

Ambiance à l’Espace Pin avec Bonduran

Des flux de gens convergent de toutes les rues et allées vers la grande scène, l’heure de Shaka Ponk arrive. L’intro est courte, Frah est déjà dans le public, l’énergie déployée par le groupe est vite époustouflante. On est soufflé aussi par l’écran géant d’où s’échappent en 3D des animations futuristes, des armées de gorilles cyborg explosent le décor et marchent sur la foule, quelque part entre La Planète des Singes et les Transformers. Cool qu’ils déplacent ce matos en festoche où les groupes voyagent généralement plus légers. Qu’est ce que ça doit être dans les Zénith alors ! Sans surprise Peaky est le morceau qui remue le plus alors que les nouveaux semblent monocordes. Alors que le chanteur a été porté jusqu’à la tour de contrôle par les armoires à glace sur patte de la sécu, débute une reprise de Smell Like Teen Spirit pas des plus heureuses, d’abord folk avant d’être bien trop théâtrale. Par contre celui qui débute par les notes de Give It Away des Red Hot a un groove dévastateur, Sam arpente la scène telle une lionne, son ombre surmontée d’une crête gigantesque sur le fond rouge de l’écran, c’est magnifique. Bon, on est OK, les Shaka Ponk c’est le gros show pour les grosses scènes, plus impressionnant visuellement que musicalement.

Le doigt en l’air pour les Shaka ! (merci Julie M pour la photo)

La faute au phénomène d’inertie et à un sandwich poulet tandoori, c’est déjà la fin de The Inspector Cluzo place Saint Roch qu’ils ont fait Saint Rock depuis le temps. Mathieu est déjà en train de démonter sa batterie tandis Laurent comme à son habitude chambre à droite et à gauche, annonce les horaires du marché de Mont de Marsan pour qui voudrait des conserves de la ferme d’Eyre, donne des cours de géographie locale dans un déluge de décibel. Parce qu’on aura quand même échappé au gros du déluge céleste. Le ciel était très vilain, mais cette année le festival a su fendre l’orage tel Moïse la mer Rouge. Deux trois averses tout de même, des dommages collatéraux. Retour aux Sarmouneys où se sont installés Goran Bregovic et son orchestre des mariages et des enterrements. Le patron est assis au centre, tout de blanc vêtu, comme pour un mariage, autour ses fameux cuivres des Balkans cheminent gaiement, le chanteur gitan a une sacrée prestance, les femmes des choeurs ont des tenues traditionnelles. Ça dépayse, on peut repenser au film Underground d’Emir Kusturica, de ses scènes de mariages et d’enterrement qui plongent dans une folie douce amère.

Changement radical d’ambiance sous les platanes, les Svinkels sont nettement moins apprêtés. On dirait que les gars ont passé la journée au PMU du coin, à boire des Stella et chercher les bons tuyaux sur turf mag. C’est du hip-hop un peu lourdeau mais les paroles ont l’air marrante « Elles sont belles, elles sont grosses, QUI ? MES JANTES ALLUS ! » OK ils auront pas le nobel de littérature, mais c’est pas donné à tout le monde.

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