
Interview avec Magoo, l’alchimiste du funk français
Artiste discret mais incontournable de la scène funk hexagonale, Magoo nous ouvre les portes de son univers.
Interview réalisée le 05/07/2025 dans le cadre du Festival Garorock à Marmande.
Du choc « Thriller » aux scènes internationales avec Dabeull, retour sur un parcours aussi passionné que groovy.
À l’heure où le funk connaît un nouvel âge d’or, certains artistes cultivent l’authenticité du groove à la française. Magoo en fait partie. Producteur, compositeur, claviériste, chanteur, il s’est forgé une place de choix dans l’univers du funk et au-delà, à force de passion et de constance. Après des vinyles devenus cultes, des collaborations prestigieuses et tournées internationales, il revient sur son parcours, ses projets, et sa vision d’un funk moderne, libre et international.
Rencontre avec un artisan du groove.

Bio express – Qui est Magoo ?
Magoo, de son vrai nom Philippe Bouthemy, est un artiste français autodidacte, compositeur, chanteur et producteur de funk. Repéré dès le début des années 2000 pour ses morceaux au groove soigné et aux harmonies vocales léchées, il se distingue notamment par son choix audacieux de chanter du funk en français. Son premier album, très attendu, sort en 2010, suivi de plusieurs maxis en édition limitée devenus de véritables collectors. Aujourd’hui, Magoo multiplie les projets et les scènes, notamment aux côtés de Dabeull, et continue de faire rayonner le funk dans le monde entier.
🌀 Des débuts marqués par l’émotion musicale
Magoo, peux-tu nous parler de tes débuts dans la musique ?
Bien sûr ! Je m’appelle Philippe Bouthemy. Le nom « Magoo » vient du premier groupe dans lequel je jouais mes propres morceaux. Je voulais un nom simple, prononçable de la même manière partout dans le monde.
Je pense avoir été très sensible à la musique dès l’enfance. J’avais environ 6 ans lorsque mon frère a acheté le vinyle de Thriller de Michael Jackson. J’ai encore en tête les frissons de cette première écoute. À la même époque, certaines musiques entendues à la radio me touchaient, même si je n’en connaissais ni les titres ni les artistes. Plus tard, j’ai su qu’il s’agissait de morceaux comme All Right de Christopher Cross ou Yah Mo B There de James Ingram et Michael McDonald.
Très jeune, j’étais attiré par les synthés et les harmonies vocales, même sans savoir comment ça s’appelait ! Je crois que les émotions musicales ressenties à cet âge restent gravées en nous.
À 8 ou 9 ans, j’ai voulu prendre des cours de piano, mais il n’y en avait pas dans ma ville. On m’a donc proposé la clarinette. Je n’aimais pas trop ça, mais ça m’a permis d’apprendre à lire la musique. Plus tard, j’ai pris quelques cours particuliers de piano et d’orgue à 15 ans, puis très vite, j’ai rejoint des groupes rock, reggae, puis funk.
🎶 Un premier album très attendu
Ton premier album a été très attendu. Que peux-tu nous en dire ?
Oui, il y a eu une vraie attente autour de mon premier album sorti en 2010. J’ai commencé à composer mes premiers morceaux funk dès 2003. Avec l’arrivée d’Internet, bien avant les réseaux sociaux, j’ai senti que mes titres touchaient un vrai public. Je recevais beaucoup de messages de gens qui aimaient ce que je faisais.
Il a fallu sept ans avant que je me décide à sortir cet album. Du funk chanté en français, c’était un défi. Pour les fans de la première heure, cette attente a été longue. Aujourd’hui encore, on m’en parle beaucoup.
💿 Des maxis cultes et devenus collector
Tu as aussi sorti plusieurs maxis en édition limitée. Peux-tu nous en parler ?
Oui… !
2010 : EP Funktime (vinyle) – Trois titres issus du premier album + un inédit
- 2012 : Maxi vinyle en anglais – Can’t Get Enough, Have Fun et Searching For So Long
- 2013 : Maxi avec six nouveaux titres, qui seront repris dans l’album Let’s Have A Boogie (2019)
- 2019 : Deuxième album Let’s Have A Boogie
- 2021 : EP Time To Dance – Mon projet le plus récent
Tout ce qui est sorti en vinyle est aujourd’hui épuisé. Certains sont même devenus de véritables objets de collection, recherchés jusqu’au Japon. Il y en a qui se revendent à plus de 300€ pièce sur Discogs !
🚀 Projets récents et envol international
Quels sont tes projets récents ?
J’ai de quoi sortir un troisième album, j’ai énormément de morceaux prêts. Mais depuis 2024, ma vie a beaucoup changé.
En 2023, j’ai collaboré avec le groupe londonien Light Of The World, nous sommes partis jouer en Grèce, sur l’île de Corfou.
Début 2024, j’ai fait une tournée européenne avec Fernando Rosa (bassiste brésilien, star des réseaux sociaux et membre du groupe de Lenny Kravitz).
Puis, il y a eu la rencontre avec Dabeull : une tournée européenne, un Olympia complet, et même une tournée américaine dans la foulée !
🤝 Collaborations marquantes
As-tu des collaborations marquantes à partager ?
Oui, plusieurs.
- 2022 : Production de deux titres pour D Train (Livin’ It Up For The Weekend et Stand On The Funk), plus un remix pour le groupe danois Cool Million sur lequel D Train chante.
- 2023 : Composition de l’album de Maeva Borzakian (11 titres), avec le single Feel The Love remixé par DJ “S” (plus de 75 000 vues sur YouTube). L’album a été réédité au Japon face à son succès là-bas.
- 2023 toujours : Remix du titre Get It Started de Stéphane Deschezeaux feat. Kiki Kyte.
📱 Où écouter Magoo ?
Toute ma musique est disponible sur les plateformes de streaming : Spotify, Deezer, Qobuz, etc.
Je suis aussi actif sur les réseaux sociaux, où je partage mes projets, des extraits, des actualités, et parfois des raretés.
✨ Magoo et la rencontre avec Dabeull – Quand le funk français s’exporte
Dabeull, c’est un nom qui résonne jusqu’à L.A. ou Séoul. Comment s’est passée votre rencontre ?
C’était une énorme surprise. Un jour, j’ai reçu un message audio sur Instagram de sa part. Il me proposait d’intégrer son band aux claviers pour sa tournée 2024. Il m’a dit : « Si ça le fait, tu fais partie de l’équipe ». Depuis, on enchaîne les concerts depuis plus d’un an — c’est complètement fou. On joue devant des milliers de personnes, qui chantent ses morceaux par cœur.
Est-ce que cette rencontre a influencé ta manière de produire ?
Clairement. Dabeull a une approche très cinématographique de la musique. Il pense en images, en textures. Ça m’a poussé à être plus libre, à oser davantage dans la production. Il m’a aussi montré qu’on peut faire du funk international sans perdre son âme.
Une collaboration entre vous deux, ce serait envisageable ?
On en a parlé tous les deux. Franchement, j’adorerais. Il faut juste que les planètes s’alignent. Mais je suis prêt : groove, vibes, humour… On partage les mêmes ingrédients.
Et ce projet, tu l’imaginerais comment ?
Dabeull est quelqu’un de très exigeant, autant avec lui-même qu’avec les autres. Il te pousse à donner le meilleur de toi-même. Travailler avec lui me ferait clairement grandir. Ce serait forcément très funky !
🎧 Chill & Funky – Le questionnaire express de Magoo
- Si tu devais décrire ta musique en trois mots… mais sans utiliser le mot “funk” ? Positive, Uplifting, Solaire.
- Tu as une scène rêvée où tu aimerais jouer un jour ? (Même la Lune ou une plage au Cap-Ferret, tout est permis !) L’Olympia… mais cette fois, en tête d’affiche.
- Une chanson (à toi ou d’un autre) que tu écoutes quand tu veux te remettre d’aplomb ? « P.Y.T. (Pretty Young Thing) » de Michael Jackson.
- Si tu avais une machine à voyager dans le temps pour assister à un concert mythique, tu choisis qui, où et quand ? Michael Jackson, 1985, lors du Bad Tour.
- Pour finir, une devise, une phrase fétiche ou une punchline qui t’accompagne au quotidien ? “Souris à la vie, et la vie te sourira. Pleure… et tu pleureras tout seul.”
Merci Magoo pour ce moment funky et sincère ! On te souhaite de continuer à faire vibrer les scènes, les platines, et les cœurs, en France comme ailleurs..!
🎙️ Interview réalisée par Maénly, photographe-journaliste.
@maenlyphotographe
Un grand merci à Dabeull, Léna, Mathieu & @suzette.music







Quel bel article, merci! Ça fait du bien de lire enfin quelques mots sur Magoo, c’est rare.
On parle souvent des grandes figures du funk international, mais on oublie parfois qu’en France aussi, certains savent faire vivre cette musique avec une sincérité incroyable. Magoo en fait partie, évidemment, mais tout le groupe Dabeull ce soir-là à Garorock était à un niveau exceptionnel. Une vraie alchimie, sans artifice.
On sent que ça joue pour le collectif, pour le son, pas pour l’égo.
Merci à vous d’avoir su capter ça dans votre article. C’est rare, et ça donne envie de tendre l’oreille encore plus attentivement sur cet artiste discret, la prochaine fois. Pour ma part j’ai un vinyle de Magoo que j’aimerais beaucoup faire dédicacer.
Au Top !!!!!!