Slash – Orgy of the Damned

Saul Hudson est un excellent guitariste. Saul Hudson n’a plus rien à prouver. Saul Hudson peut tout jouer. Ceci admis, certains s’étonneront pourtant de constater que la dernière production studio de l’homme au gibus soit entièrement consacrée au blues. Et pourtant. Déjà en 1996, en rupture de Guns’ N’ Roses et avant les aventures Slash’s Snakepit et Velvet Revolver, Slash avait monté l’éphémère Blues Ball, un groupe de reprises de titres de rock, de rhythm & blues et de… blues. Déjà. Orgy on the Damned n’est donc pas fondamentalement une énorme surprise. Par contre, question setlist, les grands du blues sont à l’honneur: Robert Johnson (Crossroad Blues), Willie Dixon (Hoochie Coochie Man), Lightnin’ Hopkins (Awful Dream), Albert King (Born Under a Bad Sign), Howlin’ Wolf (Killing Floor), T-Bone Walker (Stormy Monday). Key to the Highway (Stevie Wonder), Papa Was a Rollin’ Stone (The Temptations ), Oh Well (Fleetwood Mac) et The Pusher (Steppenwolf) animent également cette fête à laquelle participe quelques pointures du gotta de la scène blues rock.

Chris Robinson, Gary Clark Jr, Billy Gibbons, Chris Stapleton, Dorothy, Iggy Pop, Paul Rodgers, Demi Lovato, Brian Johnson et Steven Tyler. Ce dernier – en soutien à un Brian Johnson plus qu’honnête au chant – se fend d’un beau petit solo d’harmonica sur killing Floor. Bien sûr, certains titres et interprètes émergent du lot. C’est le cas de Billy Gibbons sur un Hoochie Coochie Man gras à souhait et de Demi Lovato qui offre un version mémorable de Papa Was A Rolling Stone.  À retenir surtout cette version torride de Stormy Monday chantée par une Beth Hart impériale et habitée. ″ Tout le monde aime jouer avec Beth parce qu’elle est cette nana férocement émotive qui donne tout lorsqu’elle chante ″, c’est Slash himself qui le dit. ″ Bordel de merde, c’était mortel! C’est Beth qui le dit à la fin du morceau.

Ce sixième opus du guitariste hors Guns N’ Roses ce distingue haut la main des albums de reprises habituels gravés au cours de réunions pince-fesses sans âme et purement alimentaires. On retrouve évidemment la maestria du guitariste dans des solos inspirés, parfaitement dosés et passionnément exécutés. En aucun cas les autres musiciens ne sont écrasés et l’ont constate que les vocalistes sont à l’honneur grâce à une production aux petits oignons, parfaite et sur mesure pour ce genre d’album. Pendant plus d’une heure, l’écoute de cette Orgie des Damnés est plus que plaisante. Jusqu’au dernier morceau, Metal Chestnut, une composition instrumentale sympathique et subtile par et à l’image du maître de cérémonie en quelque sorte.

Patrick BETAILLE,  mai 2024. Pour retrouver tous les articles, Cliquez ici > Black Bonnie!

 

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