Status Quo – Pictures of Matchstick Men
Fans du style musical des Shadows et des Spotnicks, Francis Rossi et Alan Lancaster, deux lycéens de la banlieue sud de Londres, décident en 1962 de former un groupe instrumental. Après un certain nombre de changements de noms et de membres – l’arrivée de John Coghlan en 1963 et celle de Rick Parfitt en 1967, le groupe devient The Status Quo en 1967.
Le 5 janvier 1968, le groupe obtient son premier succès avec un titre à la fois bubblegum et psychédélique : Pictures of Matchstick Men. La chanson évoque les obsessions d’un homme méprisé par son épouse. ″ Je te vois qui m’épie par la fenêtre. Toi et des hommes allumettes. Tout ce que je vois c’est eux et toi. Quand ce cauchemar cessera t-il ?″
Le chanteur-guitariste Francis Rossi a écrit les trois quarts de cette chanson sur les gogues de sa maison, là où il s’isolait pour échapper à sa femme et à sa belle-mère. Il expliquait dans interview : ″ Matchstick Men parle essentiellement de mon ex-femme. Je venais de me marier et je me suis dit : quelle connerie ! Qu’est-ce que j’ai foutu?! Quant aux personnages, ils lui ont été inspirés par LS Lowry (1887-1976), un artiste devenu célèbre pour avoir peint des scènes de vie quotidienne de l’Angleterre industrielle du milieu du vingtième siècle et de ses quartiers ouvriers peuplés de silhouettes fantomatiques et grêles qui ressemblaient à des allumettes.
Le single atteint la septième place des charts britanniques et la douzième place du Billboard Hot 100 américain. En août 1968 Status Quo [dans l’intervalle le ″ The ″ disparaît suite à une erreur typographique et ne sera jamais corrigé – NDLR] obtient son deuxième tube avec Ice in the Sun mais ce sera le dernier avant longtemps. À cause d’un contrat financièrement désastreux avec la maison de disques et de la montée en puissance du hard rock et du rock progressif, le groupe est sur le point d‘abandonner. À l’initiative de Alan Lancaster, bassiste fan de heavy rock et de blues, les musiciens se reprennent, rangent les chemises à jabots et misent tout sur les prestations scéniques dans les clubs. Le jeu de Rossi imprégné de gigues écossaises et irlandaises dont il nourrit ses solos, la régularité métronomique de Parfitt font des merveilles avec un boogie-rock, certes simple, mais surtout efficace et sincère. Malgré le mépris de la critique musicale qui juge les compositions banales et monotones, le groupe fonce et finit par trouver son public. Les adolescents à la recherche de divertissement y trouvent leur compte, tapent du pied, secouent la tête, à l’unisson avec Status Quo qui deviendra dans les années 70 la première formation à headbanger sur les scènes du monde entier.