Jazz en Comminges – Avis de trompette !

Tout le monde respire… Le jazz aussi ! Après le confinement, le raffinement. Et ça va souffler ce week-end à Jazz en Comminges.

La reprise culturelle se fait timidement et progressivement depuis septembre. L’été des festivals ayant été freiné par les protocoles sanitaires. Après une prestation époustouflante (époustoussoufflante) à Jazz In Marciac cet été, le quintet de Kyle Eastwood tiendra à coup sûr ses promesses. Les amateurs de cinéma seront comblés ; Quentin Collins (trompette, bugle), Chris Higginbottom (batterie), Brandon Allen (saxophones), Andrew McCormack (piano) seront à la réalisationLes chorus d’Andrew McCormack étant propulsés à une vitesse vertigineuse. Du grand jazz ! La version live de Bullitt est juste quichottesque. Sublime. Après avoir, entre autres,  joué à 2000 mètres d’altitude face au Mont-Blanc (au Cosmo jazz festival Chamonix) cet été, le quintet sera en Espagne les 7 et 8 novembre à Madrid et à Malaga au théâtre Cervantes… On peut pas faire plus symbolique.


           Photographie d’Adrew McCormack


Ceux qui ont le bourdon pourront également se consoler avec la chanterelle de Biréli Lagrène et de ses prestigieux acolytes. Et comment en cet anniversaire unanime du poète sétois ne pas aussi lui faire un clin d’oeil pour célébrer le centenaire de sa naissance ? N’est-ce pas Brassens lui-même qui disait « Pourquoi philosopher alors qu’on peut chanter ? »…

Anecdote. A un journaliste qui assenait à Brassens que c’était curieux qu’il aimât ainsi le jazz car il y en avait peu dans sa musique, il répondit : « Il y a énormément de jazz dans ma musique. Il faut demander aux musiciens, ils vous le diront…(…) » On peut pas faire plus ironique… Quand on est sourd… on est sourd !

 

Brassens dans le texte : « J’ai une façon de chanter en décalant qui est particulière au jazz que très peu de français ont…deux ou trois… » « Bach, c’est du jazz. » « Ma musique préféré, c’est le jazz. » « Armstrong, Ellington, Django… tous les jazzmen. » « Ma guitare est une sorte de tam-tam ». Génie de la versification, des rimes, du rythme et de l’apocope… de la syntaxe, du mètre et de la syncope… Inspiré par Baudelaire, Hugo, Villon, Valéry… Qui dira ce que la poésie française doit à Brassens ? Sa définition de la poésie, on la trouve dans sa correspondance : dans les « Lettres à Toussenot« . Chef d’oeuvre d’amitié épistolaire. A lire absolument. Quand on pense à Brassens on pense à Desproges et à son fameux texte sur le guitariste à moustache… Que diraient-ils ces deux-là au sujet de notre étrange époque épique engluée dans sa crise pétrolifère et cachée derrière son masque sanitaire ? Brassens, Desproges ne seraient plus possibles aujourd’hui répètent en choeur les spécialistes des sciences humaines. Sommes-nous tombés bien bas, si bas, ici-bas… ?  

Anyway, l’affiche promet…et elle est belle ! C’est un écrin de cordes à géométrie variable au sein duquel on devine sans effort qu’une détonante araignée va se mouvoir allègrement au rythme du tempo de Django pour atteindre les… Nuages ! Ascension garantie ! Des nuages au pieds des Pyrénées, quoi de plus habituel me rétorquerez-vous ? Oui, mais des nuages pas tièdes… du pur oxygène à effet de swing – essentiel -, du CO2 vital dont la durée de vie dans l’atmosphère est aussi d’environ 100 ans. C’est pas du réchauffé ! Du ressassé ! A respirer à pleins poumons pour se pâmer. On peut pas faire plus poétique…

 

C’est une mygale

A réaction

Qui court 

Dans les contours 

De sa toile 

De nylon.

 

Elle tisse 

A toute vitesse 

Sur la chromatique, 

Les harmoniques 

– Génitrice     

De prouesses.

 

De la matrice

De son altesse 

Sortent en foule, 

Déboulent, 

Des délices 

De souplesse.

 

Elles ont la bougeottes

Ses gambettes : 

Tout de go, 

Sur Django, 

Elles tricotent

Des notes nettes.

 

C’est une tarentule

Infernale

Qui monte et qui descend

Frénétiquement,

Qui ondule 

Dans son dédale.

 

Si je peux

Me permettre

Un diagnostic,

Catégorique,

Quoique facétieux

Car… fait au pifomètre :

C’est certain !

 

Y a pas un grain de gangrène

D’ankylose

Ni d’arthrose

Dans la main

De Biréli Lagrène !

                                                                                                     
                                                                                               
Photographie de la main de Biréli Lagrène

 

Jeudi 28 Octobre: BIRELI LAGRENE & SYLVAIN LUC / THOMAS DUTRONC « FRENCHY »

Vendredi 29 Octobre : JEAN-LUC PONTY, BIRÉLI LAGRÈNE & KYLE EASTWOOD/ ANNE PACEO – BRIGHT SHADOWS

Samedi 30 Octobre : SARAH McKENZIE- SECRETS OF MY HEART / KYLE EASTWOOD CINEMATIC feat CAMILLE BERTAULT & HUGH COLTMAN

Dimanche 31 Octobre : HUGH COLTMAN « WHO’S HAPPY? » / NOLA SPIRIT BIG BAND BR

 

Article de Franck Hercent

Crédit photos : Michaël Godu. Site : Michaël Godu.fr

Expo Laurent Sabathé durant le festival Jazz en Comminges

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