Le Son du moment – Andy Shauf / Jaywalker
Bon, normalement on n’aime pas trop les lyrics videos, mais comme on adore les chats et Andy Shauf… on étaient prêts à faire une exception…
Le dernier album surprise d’Andy Shauf, Wilds, est sorti il y a 2 semaines (en munérique, puis le 19 novembre en physique), accompagné du titre Jaywalker.
Wilds est un ensemble de neuf chansons, sur la cinquantaine de titres enregistrés par le prolifique artiste au cours de l’écriture de The Neon Skyline, qui se présentent sous une forme brute. C’est un instantané de la manière dont le multi-instrumentiste aborde ses chansons, avant le faste des arrangements définitifs. Les chansons revêtent ici leur forme la plus embryonnaire, Shauf joue de tous les instruments, trouve les arrangements à la volée et enregistre le tout lui-même sur « un petit magnétophone » dans son studio de Toronto.
Quand on connaît l’artiste pour ses arrangements musicaux élaborés, parfois même symphoniques, Wilds peut prendre l’allure d’un virage indé roots, plein de sifflements lo-fi, de chants à la limite de la saturation, de batterie délicate et d’une sensation d’imperfection. Les chansons se présentent sous leur forme la plus pure, non polies par la réflexion ou le montage, dans toutes leurs fragilités. Sur la plupart des morceaux, on entend un Shauf qui enregistre ses idées au fur et à mesure qu’elles se produisent, jouant les morceaux pour la première fois.
Pour les auditeurs, écouter ses chansons, réduites à leur plus simple expression, révèle non seulement à quel point Shauf est un bon songwriter, mais aussi à quel point ses chansons deviennent personnelles lorsqu’elles se libèrent de la mise en scène d’un scénario concept.
Jaywalker par exemple est une lente ballade qui, en théorie, raconte l’histoire d’une personne qui ne regarde pas où elle va en traversant la rue et qui, à la fin de la chanson, se réveille seule dans un hôpital après avoir rêvé de Judy au volant d’une voiture, sans souvenir de ce qui s’est passé. Mais si l’on creuse un peu plus, on s’aperçoit que Shauf explore un thème existentiel beaucoup plus affirmé : l’expérience d’une âme perdue qui erre dans la vie (Traîner en ville ne t’a jamais réussi), la dépression, si courante qu’elle est invisible pour l’entourage (Tous tes amis ont commencé à se demander pourquoi / Tu étouffais tes larmes en un au revoir facile) et les façons, bonnes et mauvaises, dont la vie peut nous prendre à revers quand on s’y attend le moins.