[La Reprise du Jeudi] 75 ans d’Hiroshima – I come and stand at every Door

Il y a 75 ans et 6 jours, l’aviation américaine larguait la bombe atomique sur Hiroshima et rayait la ville de la carte dans la seconde. Quelques jours plus tard, le Japon annonçait sa reddition, c’était la fin de la guerre.Elle s’achevait sur un double choc (avec la destruction de Nagazaki) d’une violence qui ne serait jamais égalé, un dernier crime comme l’humanité pour l’éternité. On s’en est félicité, mais on laissait derrière la plus grande boucherie de l’histoire, l’humain avait montré le pire 6 ans durant. Le traumatisme de la bombe finirait par irradier au delà du Soleil Levant. La bombe serait plus tard l’arme de dissuasion ultime. Ce traumatisme envahira le cerveau de son inventeur Albert Einstein la plume du poête turc  Nâzım Hikmet qui écrira Kız Çocuğu. Quelques vers parlant de la mort qui est venue frapper à chaque porte, d’os devenu poussière, d’enfants qui ne grandiront plus.

 

 

Fin des années 50, Pete Seeger reçoit un courrier signé d’une  dénommée Jeanette Turner. Elle a traduit le poème en anglais et lui propose de le mettre en musique. Pete Seeger est le père du folk contemporain, il a écrit des milliers de chansons dont beaucoup de protest songs (If I had a Hammer ou Where have all the Flowers gone), il a fondé le festival de Newport où se révèleront Bob Dylan ou Joan Baez. Et donc le poème turc deviendra I Come and Stand at every Door.

 

 

En 1966, The Byrds vont magnifier le titre dans leur album Fifth Dimension. La mélodie psychédélique et les harmonies vocales sont magnifiques, tout le talent la bande à Roger McGuinn illumine cette reprise sincère et délicate. La vidéo suivante est illustrée de photos rares montrant les rues d’Hiroshima avant le désastre, puis les décombres en résultant.

 

 

Ce titre est rare par la suite. En 1991, les gothiques This Mortal Coil le transforme en prière hantée. En 1997, sur leur album Leviate, les papes du post-punk The Fall en produisent une reprise étrange, léthargique, comme un rêve paisible bercé par des notes de piano. Faut il y voir un vilain cynisme de la bande du défunt Mark E Smith ou peut on imaginer que la bombe aurait emporté l’enfant du poème dans son profond sommeil ? Elle a éclaté 8h16 heure locale. Il est possible que l’activité de la société japonaise battait déjà son plein.

There are 3 comments for this article
  1. anaïs at 13 h 00 min

    pas de cynisme chez MES, la reprise de The FALL est peut-être la meilleure, comme une ballade mortelle elle porte tous les fardeaux du monde depuis la Bombe !
    car n’oublions pas que notre monde, notre modèle capitaliste, militaire, industriel et nucléaire s’est construit sur un crime contre l’humanité,
    nous sommes toutes et tous les enfants de ce crime !

    • Julien B at 10 h 19 min

      Merci pour ce commentaire ! Cet article était avant tout pour placer la chanson de Byrds qui j’aime beaucoup. Honnêtement, j’ai découvert la version de The Fall au moment de la rédaction, je l’ai écouté 2-3 fois sans savoir trop comment l’appréhender, mais qu’il fallait la placer. Pour moi elle ressemblait à une berceuse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *