[La Reprise du Jeudi] The House of the Rising Sun

Comme beaucoup de morceaux issus de la culture populaire américaine, The House of the Rising Sun  a des origines incertaines. Elles remonteraient au temps des colons, et il aurait donc fait plusieurs aller retour au dessus de l’Atlantique puisque la version définitive et la plus connue est l’oeuvre de The Animals en 1964. Les Anglais ne sont pas pas encore trop sortis de leur Newcastle et on voit bien que cette histoire de perdition dans un bordel de la Nouvelle Orléans les fascinent. La voix vieillie en fût de chêne du pourtant tout jeune Eric Burdon, la ritournelle appuyée par l’orgue de Alan Price et la gravité qui en ressort en font un carton immédiat, le titre sera numéro 1 des charts non seulement locaux mais aussi US.

 

Un titre libre de droit, un hit commercial ? C’est alors une ruée digne de la conquête de l’ouest. En France, notre Johnny Halliday national chante Le Pénitencier, une adaptation signée de Hugues Aufray et Vline Buggy. A Detroit, Frijid Pink en fait une version psychédélique puissante et hallucinée. Mais le morceau est enregistré des centaines de fois en live ou studio,  par des anonymes ou les plus grands. Plus près de nous, on notera The Walkabout en direct de la Vallée de la Mort, le folk intimiste de Cat Power (aussi capable de reprendre aussi du Rihanna), la version glacée de Alt-J sur leur dernier album de 2017, Relaxer.

 

Mais il y eut donc un avant Animals, plus incertain, avec des variantes. Selon le musicologue Alan Lomax, deux chansons traditionnelles britanniques mentionnent des bordels qui seraient la maison du soleil levant ou bien un nom donné aux pubs à une certaine époque. Il aurait été déplacé l’Angleterre à la Nouvelle Orléans par des musiciens du Sud, à l’époque où les paroles changées à chaque interprète. La première version enregistrée date de 1938 par Clarence Ashley et Gwen Foster originaires des Appalaches (si si les banjos du film Délivrance …). The House of the Rising Sun fait parti du répertoire folk, joué par les blancs alors que le blues est la musique des noirs. C’est embêtant de parler ainsi, mais nous sommes en pleine ségrégation. Ce morceau va pourtant faire exception, Leadbelly va le jouer, une variante nommée Rising Sun Blues existe depuis les années 30. En 1960, c’est Nina Simone qui s’en empare pour une version groovy. A l’image de Ain’t got, il faut plus que de la dèche pour entamer son moral. Si on revient au folk, Woody Guthrie l’amène dans le Greenwich Village où la scène folk bourgeonne du début des années 60. Joan Baez va le jouer, Bob Dylan l’enregistre sur son album éponyme de 1962, lui qui est fasciné par la grande dépression et la misère résultante. En France, Marie Laforet (qui côtoie aussi Eric Burdon dans la reprise de Paint it Black) l’a chanté dans un anglais mal assuré bien avant le pénitencier.

 

Pour résumer, cette histoire de perdition dans un bordel ou un établissement de jeux de la Nouvelle Orléans parle aux hommes de toute origine. Mais elle s’adapte aussi aux femmes dans la variante où elle suit un mari mal attentionné qui la plonge dans la prostitution. Bref, une histoire chantée, mais sûrement pas vécue, par tout le monde.

Des vidéos, des liens, une playlist Deezer pour écouter tout ça ….

 

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