Jamie Cullum + Kokoroko – Jazz In Marciac – 01/08/2019

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Textes : Annie Robert
Photos : © Thierry Dubuc (https://thierrydubucphotographe.zenfolio.com)
Lieu : Marciac, (FRANCE) | 01/08/2019

Ce soir, le chapiteau est placé sous le signe du groove !! On ne va pas s’en plaindre.

En première partie, le jeune groupe Kokoroko que l’on pourrait qualifier d’émergent est un collectif de huit musiciens qui a le vent en poupe à Londres, rassemblés autour de leur amour de l’afrobeat et de leur leader la trompettiste Sheila Maurice Grey. Cinq hommes derrière, trois femmes devant, voici une configuration rare dans une formation de jazz et qui pourrait laisser augurer d’une belle possibilité. Quelques notes de guitares en boucle (Oscar Jérôme excellent) des cuivres qui s’épanchent, des percussions qui chaloupent bien puissamment et des chœurs féminins assez doux, avec des influences africaines intéressantes, beaucoup d’énergie, de la générosité caractérisent ce groupe. C’est efficace pour le ressenti, c’est un peu juste sur la créativité musicale. Chorus trop longs et pas toujours inspirés, une orchestration banale et des voix à la tierce, le groupe manque à l’évidence de maturité. Il va falloir le laisser grandir un peu, s’étoffer dans son expérience et surtout dans ses connaissances orchestrales (qui m’ont semblé trop simples). C’est peut être une chrysalide qui ne demande qu’à être papillon. Mais pour le moment le compte n’y est pas même si c’est agréable à entendre. Et c’est bien dommage

En deuxième partie, agité comme un shaker survolté, un air d’adolescent malgré ses 40 ans (déjà!), baskets aux pieds, chemise noire et blanche pop-art qu’il enlèvera à la première occasion, Jamie Cullum investit le chapiteau dans une prise en main active, tonique et un raz-de-marée endiablé. On le voit jouer debout, ou à genou, monter sur son piano, sauter, parcourir le public ou donner une démonstration de «human beat box», ou de «piano beat box», dévorant le plancher de la scène, avec un humour certain et un abattage de feu follet. Rien ne lui résiste. Il a une énergie à décrocher la lune. Voix de velours à la Frank Sinatra, suave dans les ballades, à faire craquer les duègnes les plus rébarbatives ou bien pugnace dans les envolées accrocheuses de pop, il fait preuve d’un jeu un jeu aérien, solide sur son instrument et nous met tous dans sa poche avec un swing heureux et solaire. Conquis, on se laisse embarquer bien vite par ce zébulon dont l’enthousiasme et la générosité sont contagieuses. Difficile de lui résister. Ce qui est particulier chez lui, outre son énergie, ses qualités de show-man, c’est de parvenir à tenir un équilibre homogène dans son set et cela malgré une richesse stylistique (funk, rock, pop et même gospel) qui pourrait sembler débordante et foutraque. Deux choristes à l’ancienne «choubidouah et roulements de hanches voluptueuses» parfaites et attentives, deux sidemen poly-instrumentistes et talentueux, passant de la guitare à la trompette, du saxophone aux synthés avec brio assurent des changements adaptés de couleurs pour chaque morceau et le vocal quand il le faut. La section rythmique de belle qualité avec une basse/contrebasse remarquable et une batterie vrombissante n’est pas en reste. Le tout est orchestré de façon inventive et remarquable. Le passage des impros aux thèmes, des folies à l’apaisement est cependant très réglé, mine de rien. Le trublion aux airs de gavroche fait le fou, mais sait bien où il va. C’est un professionnel accompli qui ne laisse rien au hasard. Et le show tourne comme une montre à plein régime. Pas de temps mort, pas de retombée d’enthousiasme possible. Il passe du piano aux synthés ou aux percus avec la même énergie. Son set est composé massivement de créations (avec par exemple deux jolies compos tendres qui nous permettent de découvrir une facette plus profonde et plus personnelle) et de quelques reprises. Avec des incursions dans le hip hop, une forte base de pop, des accents rythme and blues, il décline des morceaux dans la fière tradition du jazz reprenant du Ray Charles ou du Eric Clapton. Que dire d’un séduisant « I’m just a gigolo » chanté par Luis prima et repassé à la moulinette Jamie Cullum qui nous a laissé pantois!! C’est attachant, brillant et d’une efficacité sans pareille. À la moitié du show, les allées du chapiteau sont déjà envahies, les gorges déployées pour chanter, les mains rouges d’avoir trop frappées en rythme et les groupies de tous ages, de tous sexe n’en peuvent. Un final en forme d’éruption volcanique et un deuxième rappel en impro-piano sur «Marciac, when I’ll be back ?» et le célèbre «I’got you under my skin» de Cole Porter termineront à pas d’heure un show réjouissant comme tout !!

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