Feu! Chatterton – Zénith de Pau – 21/03/02018 (live report + photos)
Ce mercredi 21 avril, la Ville de Pau et ses associations musicales réunies inauguraient une série de concerts dit « Pop Up » dans un Zénith en configuration « Zip ». De grandes tentures noires isolent la fosse des gradins pour une sensation de cocon chaleureux, le but louable étant d’accueillir des artistes qui ne rempliraient pas les 7500 places de l’endroit mais pour qui les autres salles seraient trop étroites. Le remarquable Feu ! Chatterton ouvre le bal avant les venues les prochains mois des Shérifs et de Catherine Ringer.
Je me permets de passer à la première personne, le sujet méritant plus qu’un simple descriptif. Je me suis intéressé à Feu ! Chatterton sur le tard, alors que l’album Ici le Jour (a tout enseveli) était mûr, et c’est une claque rare reçue par la main d’Ophélie. Tant d’intensité et d’éloquence dans la voix en plus de manières d’autres siècles, tant de poésie, de générosité, débordant de tout et partout, les nouveaux artistes français mis sur le devant étaient si fades et ennuyeux, les plus intéressants étant dans la couche du dessous, que j’avais failli passer à côté … S’il s’agit bien d’un groupe, les regards seraient tournés ce soir vers Arthur Teboul, le chanteur dandy à la personnalité si particulière.
Le concert commence comme le nouvel album L’Oiseleur, par un poème déclamé enchaîné de Grace, son puissant refrain balançant … avec grâce, justement. Ensuite les morceaux seront introduits avec bien plus de précision que l’habituel « Comment ça va Pau ? », des premières fois maladroites dans La Pinède, morceau le plus rock joué ce soir au poème d’Aragon Zone Libre superbement mis en musique, traitant de la douceur de l’été 42 alors que les armes résonnent non loin , il y a souvent un quelque chose de bucolique dans les textes, pour des gens qui se sont rencontrés dans un grand lycée parisien. La personnalité du dandy Arthur est épatante, c’est clairement quelqu’un de particulier, d’excessif dans son verbe et ses danses électriques, mais il a une vraie bienveillance envers son public qui n’a dans sa grande majorité jamais lu le moindre ver de Thomas Chatterton alors que beaucoup mettrait une distance, la barrière entre gens lettrés et quasi-analphabètes. Lui à l’air gentil et vouvoie les dames même au sommet de L’Ivresse. L’Ivresse, un morceau qui rajoute aux références passées d’autres modernes avec un son limite « Trap », cette variation du hip-hop qui a envahie la planète depuis les quartiers malfamés d’Atlanta. Ce mélange d’époque réussi fait de Feu ! Chatterton un groupe à part, mais si je peux être exigent avec le groupe, j’attendais plus sur certains morceaux, je voulais que les refrains de Côte Concorde et de Souvenirs me submergent, « Nous ne nous reverrons plus terre », « Du ciel tombent des cordes, faut il y grimper ou s’y pendre ? », deux phrases tragiques et obsédantes … Il y a aussi cette superbe ballade corse vers Sari D’Orcino, gourmande et pleine de nostalgie, mais là où le groupe est fort, c’est pour faire danser ou « gigoter » comme le dit Arthur, du funky au Ginger au plus électro La Malinche final réclamé par le public, des morceaux amoureux au groove charmeur.
S’il y a des Pop Up qu’on ferme avant même qu’ils aient fini de s’afficher, celui ci pouvait rester ouvert, ici on réclame Ophélie, à ma gauche on voulait Fou à Lier, mais le Feu !Chatterton a logiquement privilégier les titres de leur nouvel album, qui n’ont rien à leur envier, et le groupe a déjà fait preuve d’une grande générosité. C’est une première réussie pour cette configuration du Zénith.
Feu! Chatterton par Fabien
Feu! Chatterton par Laurent
Le site officiel : www.feuchatterton.fr
Texte : © Julien Beylac
Photos : © Fabien Maigrat & Laurent Sabathé
Lieu : Zénith (Pau, FRANCE) | 21/03/2018