The Very Small Orchestra – Gagarine
Au début, ils étaient vraiment « small » puisqu’un simple duo formé du punk de Biscarrosse Vincent Bosler (The Hyènes, ex-Spooky Jam) et de l’harmonica du bluesman basque Niko Etxart, Kiki Graciet. Né d’un besoin de retour aux sources entre potes après avoir passé des années à sillonner l’Europe habillés ou en slip, ils jouaient avec le Very Small Orchestra des reprises minimalistes, pour s’amuser. Et puis on se refait pas, les potes appellent les potes, ça va, ça vient, et voici Denis Barthes (Mountain Men, ex-Noir Désir), l’accordéoniste Pascal Lamigue, le violoniste Don Rivaldo Tutti Corto (The Booze) et le contrebassiste Jérôme Bertrand (Romano Dandies). Deux albums plus tard, ils ne sont plus très « small » si ce n’est dans les ambitions, qui restent de se faire plaisir. Voici donc le troisième Gagarine, qu’ils se sont payés le luxe d’enregistrer en dix jours dans une maison pays basque. Des gros moyens donc, mais un son resté volontairement très proche du live.
On trouve ici plus de compos que par le passé, du rock poussiéreux et teigneux comme Back in Town, où la voix de Bosler prend des accents de Bashung, ou le stonien et impeccable Dirigeable. Quand les instruments acoustiques reprennent le dessus, on sent que les gars ont roulé leur bosse et vu du pays, ils traînent leur peine sur cette sombre affaire de The Kitchen Floor. Le blues s’exprime de différentes manières, avec un harmonica à l’ouest, avec un violon et un accordéon à l’est, les deux se retrouvent ici. L’Ouest se rapproche un peu plus de l’Est quand ils chantent Les Fils de Poutine avec de la vodka plein la voix, on pense à Arno et les filles du bord de mer, aux Spooky Jam faisant les cons sur la place Rouge en son temps, et on se laisse emporter par les violons.
Dans les maisons les plus chaleureuses, les gens s’arrêtent à l’heure du café ou de l’apéro, dans le studio du Pays Basque, c’est un peu pareil. Niko Etxart vient chanter Hitzek en Esukara, Jon Smoke pour le hip-hop Roue Libre, Stéphanie Carré de Sista Simone pose sa voix soul ça et là, notamment sur une reprise intéressante de Small Town Boy de Bronsky Beat. Une belle ballade dans les rues grises de la petite ville que le mec en question veut quitter pour la capitale, victime de l’homophobie et de l’étroitesse d’esprit ambiante. Car il ne faut pas oublier que le Very Small Orchestra était un groupe de reprises à la base ! On retrouve aussi un Light My Fire pastoral et apaisé, ainsi qu’une version du Ramblin’ Man de Hank Williams rebaptisée Hank, fidèle à l’original, mais qui fait plaisir quand même.
Gagarine compte quand même 24 pistes, il finit avec des instrumentaux de banjo et de violon, vous savez comment c’est quand on est bien entre potes, on vous demande qu’est ce que vous avez bien pu faire pendant tout ce temps, mais vous, vous ne l’avez pas vu passer …