ROCK from Seattle

Ils sont déjà venus en septembre 2022

Considérés comme les représentants les plus délirants du rock garage du nord-ouest du Pacifique, les Américains d’Acid Tongue reviennent avec leur quatrième album Acid On The Dancefloor. Une sortie attendue précédée il y a quelques semaines par l’énergique single éponyme, hymne incantatoire psyché-rock dédié, comme son clip flippant l’illustre parfaitement, à la danse et à la défonce. ‘J’en ai trop fait avec le LSD à quelques reprises, et les résultats ont été terrifiants. Quel genre de personne prend du LSD et va en boîte de nuit ? Je me suis posé cette question et j’ai écrit cette chanson‘ raconte Guy Keltner.

Pour leur précédent album, Arboretum (qui marquait aussi pour son leader la fin des addictions en tous genres), le groupe avait recruté les fines lames de la scène rock psychédélique, donnant lieu à des collaborations de premier ordre et remarquées avec des artistes tels que Death Valley Girls, Naked Giants et l’auteur-compositeur interprète canadien Calvin Love.

Guy Keltner et Ian Cunningham, socle créatif du groupe, reviennent à la source de leur son rock flamboyant dans la pure tradition grunge (Seattle oblige) mais enveloppé d’effluves seventies. Une recette testée et approuvée qui incorpore cette fois plus franchement des touches de glam-rock, de R&B et de post-punk rugueux sur lesquelles s’ajoutent une pincée de guitares atmosphériques et de chœurs enjôleurs. Une formule entrée, plat, dessert plutôt roborative !

D’Acid On The Dancefloor jaillissent aussi bien des rythmiques lourdes tendances hip-hop west coast sur l’inaugural Desperado que des effets de manche dignes des Stooges de l’entêtant Consumerism. Un délicieux mélange des genres qui repose sur la voix aventureuse et hardie de Keltner qui sait se parer d’atours aguicheurs voire ostensiblement racoleurs comme sur le tubesque Blame It On The Youth qui fera les belles heures des radios FM. Entre nappes de Farfisa survoltées et psychédéliques (Gatekeepers) et explosions groovy façon Beck (Soul On Fire), Acid Tongue feuillette avec gourmandise l’anthologie du rock 67-95 pour réécrire l’histoire à sa façon, à coups de riffs familiers et rassurants, d’arpèges cristallins et de lignes de basses virevoltantes.

Rien à jeter sur ce quatrième opus, qui s’annonce assurément comme un des très grands disques rock de cette année, au sens premier et primaire du terme. On aura du mal à décrocher de cette enfilade de titres aussi efficaces les uns que les autres, au songwriting désarmant de simplicité, à l’énergie débordante et à la furie fuzz salvatrice. Tout à côté des cadors du genre comme Osees, Ty Segall ou encore les incroyables King Gizzard and the Lizard Wizard, Acid tongue ambitionne ouvertement de ‘redéfinir le son de Seattle’, rien de moins. Projet audacieux et pari risqué quand on plante ses guitares sur la sainte-terre nourricière d’Hendrix, de Nirvana, de Mother of Bone, Pearl Jam et du cultissime label Sub Pop. Un défi impossible à relever ? Ne soyons pas mauvaise langue…