[Le Son du moment] Marika Hackman / Slime
L’album Big Sigh est la dernière avancée d’une musicienne qui reste inventive à chaque sortie. Au fil des ans, on a comparé son son qui change de genre à l’enfant de Nico et Joanna Newsom, Blur et PJ Harvey de l’époque Rid of Me.
Sur Big Sigh, cependant, Marika s’aventure sur un terrain nouveau. Il y a un tiraillement constant entre l’instrumentation organique et la dynamique plus dure de la distorsion synthétique – comme si l’on marchait dans une friche industrielle abandonnée couverte de sumac vénéneux. Pour parvenir à ces dualités, Marika a dû créer un paysage sonore très spécifique pour chaque chanson : elle a non seulement joué de tous les instruments, à l’exception des cuivres et des cordes sur Big Sigh, mais elle l’a également produit, avec Sam Petts-Davies [Thom Yorke, Warpaint] et Charlie Andrew, un collaborateur de longue date.
Laissant derrière elle l’époque charnelle de ses 20 ans, cet album n’est pas une documentation photo-réelle du moment, mais plutôt une artiste qui regarde par l’entrebâillement d’une porte pour réévaluer son ancienne vie. Si ce sont ses paysages sonores obsédants qui vous attirent d’abord, ce sont ses acrobaties lyriques qui s’accrochent à votre cerveau – des images de gore, de désir ardent et de romance désaxée. Dans sa quête incessante de démêler son univers interne et d’explorer des mélodies complexes, elle a réalisé son album le plus honnête et le plus courageux à ce jour.
Avec Marika Hackman, entrer dans un nouveau monde, aller de l’avant, s’affranchir. Inspirer, expirer. Un grand soupir (Big Sigh).