Playlist – Quoi de neuf en Octobre ?
Quoi de neuf en ce mois d’octobre ? Bah, pas grand chose. Il fait toujours chaud et on vit toujours dans l’angoisse de la crise énergétique. A la promesse d’un hiver glacial sans chauffage s’ajoute la crainte de la panne d’essence. Mais alors qu’on pensait que le péril viendrait de l’Est, on se rend compte que la source des problèmes est bien dans nos murs hexagonaux. Un mauvais plan stratégique mettant des centrales nucléaires à l’arrêt et un problème de ruissellement de super-profits et voilà comment la pagaille se généralise. Ceux qui sont “Born to Be Wild” devront abandonner leur rêve de Route 66 en grosse cylindrée et privilégieront les chemins de Compostelle. Ou pourquoi pas se changer en oiseau ? “Je survolerai les vignes, je mangerai les raisins, je chierai des pépins le long des cours d’eau, si j’étais un oiseau.” Quel merveilleux programme chanté par Bertrand Belin pour les rythmes éthiopiques de Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce.
Dans cette France sobre, les artistes font avec les moyens du bord, mais la France a des idées, on le sait depuis longtemps. Alors EggS clippe un extrait de son premier album à venir avec deux bouts de carton et un rouleau de papier alu (qui aurait pu servir pour garder les chipos au chaud, quel gaspillage !), depuis le jardin de tatie Josie. Local Hero est tout à fait charmant, et fera penser aux Vaselines, avec solo de saxo en bonus. Ce côté “fait maison” leur va comme un gant.
Sans transition, je vous raconte mes vacances à Arles. je marchais dans l’étonnante nécropole médiévale des Alyscamps quand un chant grégorien sortit de la chapelle dont je m’approchais. Un chant qui devint Hallelujah de Léonard Cohen. Il ne venait pas de plusieurs individus mais d’un seul illuminé qui avait trouvé l’endroit où la voûte porterait le mieux sa voix. Je suis sûr qu’il savait pour cette chanson, pour sa dimension érotique, et qu’il prenait un malin plaisir à la chanter à cet endroit. Elle n’est ni un chant religieux, encore moins de Noel. L’auteur canadien y sacralise la chair, vénère le corps peut être de Suzanne ou de Marianne. Il n’est pas reconnu comme un chanteur engagé, comme un Bob Dylan, pourtant sa vie et son œuvre traversent plusieurs conflits. Que celui qui n’a pas été ému aux larmes à l’écoute de The Partisan sorte. Et puis, ces jours-ci, sortait un livre de Matti Friedman sur la tournée de Leonard Cohen sur le front de la guerre du Kippour en 1973. Dans les extraits, l’artiste est mystique et décrit comme dans une santé mentale vacillante. Il chante Who by Fire, qui par le feu, phrase issue d’une prière juive de Yom Kippour, c’est aussi le nom de l’ouvrage. Dans le désert du Sinaï, il dit aux soldats israéliens, qui auraient peut être préféré une revue de Playboy comme au Vietnam, que ces chansons n’ont rien à faire là, que leur place est dans une chambre, avec une femme et du bon vin. Après ces mots, surement que tout le monde aurait préféré être ailleurs.
Quand ce reportage passait à la radio, je lisais la BD Gaza 1956, en marge de l’Histoire de Joe Sacco. On repassera pour la légèreté. Le père de la BD Reportage est en Palestine pour enquêter sur les évènements de 56 alors que la deuxième intifada se déchaîne autour de lui, et les locaux lui demandent à quoi bon remuer le passé alors que les bulldozers israéliens démolissent les habitations arabes et que les balles fusent à certains quoi de rues, c’est le présent qu’il faut documenter qu’ils lui disent. Mais lui fouille dans les souvenirs embrouillés des vieux qui étaient des gosses quand les soldats israéliens alignaient les palestiniens en âge de combattre contre les murs, avec un méthodisme qui n’étaient pas sans rappeler vous avez quoi. Ceci en représailles aux attaques de guérillas des Fedayins, qui visaient aussi les civils. Deux peuples luttant pour leur survie dans le désert, déjà dans un total déséquilibre de force. Dans cette BD, les plus belles planches représentent les rues de Rafah sur des doubles pages, les immeubles ont les étages supérieurs en ruines, mais au niveau de la rue, ça fourmille entre les étals des marchands, les embouteillages et la grande densité de population. La vie continue dans les décombres, et on peut se repasser la vidéo de Gaza des franco-israéliens de Winter Family. Des gamins qui sourient et passent des saltos arrière dos aux panaches de fumée des explosions, la vie à fond la caisse, des mains qui claquent et cette voix fragile et psalmodiée comme une prière pour la paix.
Là, vous allez me demander si on peut en finir avec la guerre. D’accord, du moins pour cet article. Il y a un gros bâton de dynamite sur la pochette du dernier disque de Sports Team, mais à priori, sans rapport avec un quelconque conflit armé. Par contre, l’image représente bien le contenu de ce Gulp ! Du rock’n’roll, un chanteur qui se prend pour un soulman et des refrains qui restent en tête, comme celui de The Game. De plus, le groupe n’oublie pas qu’il a grandi au pays de la pop, l’Angleterre, ce qui ne gâche rien.
Si personne ne vous propose de composer une musique de film, autant se l’imaginer soit même. C’est ce que semble avoir pensé Jesse Tabish à l’heure d’écrire son premier album, tant il convoque ici les mémoire d’Ennio Morricone et d’Henry Mancini. Normalement, un album solo serait plus sobre que ceux de son groupe, mais ce n’est pas vraiment le cas pour le leader de Other Lives, tant l’orchestration de Cowboy Ballads part I est riche, avec ses cordes et ses cuivres à n’en plus finir. Tout ça est très bien arrangé, mais c’est peut être un peu trop chargé par moment.
The Sadies est de ces groupes qui rappellent les grands espaces, la poussière et les carrosseries rouillées. Depuis plus de 20 ans, ils sortent des disques dans la veine garage / psyché, et vadrouillent sur les routes. Je les avais perdus de vue après l’album New Season en 2007 et son terrible The First Inquisition part IV, mais voici que Rock’n’Folk fait de leur dernier Colder Stream son disque du mois d’août. Effectivement, les pépites se multiplient sur cette galette, quelque soit le tempo, du puissant et magnifique Start and Stop à la valse psyché Message for Belial, en passant par la ballade country More Alone. Depuis tout ce temps, The Sadies étaient menés par deux frères guitaristes, Dallas et Travis Good. Une crise cardiaque a terrassé Dallas en février, une fois le disque terminé. Travis sera seul avec le reste du groupe à prendre la route, elle ne passera que très peu en France, le temps d’un concert au Pingouin Alternatif d’Arthez de Béarn. Mais ça, ça sera en novembre. Le 8 à 19h30.
Tous les titres cités à travers ces lignes sont à retrouver dans la playlist Youtube tout en haut de l’article.