Nine Eleven – Les Interdits du Rock
Le 11 septembre 2001, les attentats ayant entrainé la destruction du World Trade Center, ont été l’un des jours les plus tragiques de l’histoire de l’humanité. Changeant le monde à jamais, les attaques contre les tours jumelles ont provoqué d’incommensurables dégâts au cœur de la Big Apple et réduit à néant plus de 3 000 vies new-yorkaises.
Même si images, débats, polémiques diverses et variées sur fond de théories parfois complotistes ont peu à peu cédé leur place à une routine quotidienne salvatrice, personne n’a oublié ce qui s’est passé ce jour-là, surtout quand 10 ans plus tard la mort de Ben Laden arrive à point nommé pour faire resurgir le passé. Ce que l’on sait moins c’est que certaines conséquences directes ou indirectes et certaines décisions ont été passées sous silence ou presque. Ce fut le cas pour ce qui concerne le rock qui s’est retrouvé mis au ban des ondes.
Trois jours après les attentats, la société Clear Channel Communications fait parvenir à plus de 1100 radios nationales une liste de chansons – considérées comme lyriquement discutables – dont la diffusion est jugée inappropriée compte tenu des événements. Ainsi, ce listing comprenait des titres qui, de près ou de loin, faisaient référence à la violence, la guerre, les armes, la mort mais aussi aux avions, aux collisions et au… ciel.
Et voilà que plus de 160 chansons se retrouvent bannies du jour au lendemain, souvent de manière absurde et sous couvert de prétextes aberrants, farfelus ou illogiques. Ainsi, d’après Clear Channel, What a Wonderful World de Louis Armstrong se retrouve censurée car trop joyeuse par rapport au contexte lié au désastre (Si, si!). Walk like an Egyptian des Bangles, interdite car son titre fait référence à un pays du Moyen-Orient.
Bien évidemment, certains groupes à la réputation déjà sulfureuse n’échappent pas à la vindicte moraliste. AC/DC et ses Shot Down in Flames, Shoot to Thrill, Highway to Hell, TNT et Hell’s Bells. Sabbath Bloody Sabbath de Black Sabbath, Knockin’ on Heaven’s Door par Bob Dylan et Guns’ N’ Roses, Rock the Casbah des Clash, Stairway to Heaven de Led Zeppelin ou encore Jump de Van Halen. Etc, etc. Quant à Rage Against the Machine, c’est tout le répertoire du groupe qui est condamné car globalement trop critique vis à vis de la société américaine. Paradoxalement certaines versions de chansons ont été sanctionnées et d’autres pas. Ce fut le cas de Smooth Criminal, qui interprétée par Michael Jackson, est passée au travers des mailles du filet, contrairement à celle de Alien Ant Farm vouée au silence.
Prémonition? Live Scenes from New-York, le triple album live de Dream Theater, sort le jour même des attentats. Sur la pochette, une pomme en feu ceinte de barbelés. En arrière plan, Manhattan, ses Twin Towers et sa statue de la Liberté. Le disque est aussitôt retiré de la vente pour être réédité. Le logo du groupe viendra remplacer la Big Apple embrasée. The Coup devait eux aussi sortir leur quatrième album début septembre 2001. À cause de la pochette du disque, le lancement est repoussé au mois de novembre. Le montage initialement prévu mettait en scène Boots Riley et Pam the Funkstress déclenchant à distance la destruction du WTC. Le cover art de Party Music sera illustré par la photo d’une main tenant un verre à cocktail.
Merci à l’ami Patrick de m’avoir donné l’occasion de traiter ce sujet, par ailleurs évoqué dans l’ouvrage consacré à la censure des pochettes de disques: In Vinyle Veritas!