Rosetta Tharpe – The Godmother of Rock’n’Roll
Avant Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Little Richard ou Elvis Presley, le rock’n’roll a eu sa pionnière. Née en Arkansas en 1915, de parents métayers et pratiquants de l’Église de Dieu au sein d’une communauté itinérante, Rosetta Tharpe entend régulièrement sa mère chanter lors des tournées d’évangélisation. À l’âge de 6 ans, la fillette commence à pratiquer le gospel et découvre l’instrument qui ne la quittera plus jamais: la guitare. Motivée, assidue et de plus en plus talentueuse, la musicienne est vite repérée. À 23 ans elle est signée par le label Decca et enregistre 4 morceaux dont Rock Me qui n’a déjà plus grand chose à voir avec le gospel. Et c’est là que réside toute la magie du style Tharpe: reprendre les codes du genre religieux en y ajoutant du blues, du jazz, du swing et déjà les prémices du rock’n’roll, avec désormais une guitare qui devient électrique. Au fil des années, le public séduit est de plus en plus présent et fidèle. À la fin des années 40 elle fait la connaissance d’une autre chanteuse, Marie Knight, avec qui elle part en tournée dans le sud des Etats-Unis. Faute! Au prétexte de relations soit disant lesbiennes, le duo se met à dos les institutions religieuses. En signe de contestation et par provocation Tharpe et Knight abandonnent le gospel pour enregistrer un album de blues. C’est un désastre. Non seulement l’album ne se vend pas, mais il est aussi condamné par la communauté religieuse et tous les admirateurs de la première heure. C’en est fini de la carrière de Rosetta! Aux USA du moins car l’Europe, et notamment la France, accueille l’artiste à bras ouverts. Ainsi, en 1960, elle est invitée à la première édition du festival de jazz d’Antibes Juan-Les-Pins. En 1964 elle donne un concert à Paris à la Maison de la Radio puis un autre à Manchester, avec Muddy Waters. Elle meurt dans l’oubli en 1973 à l’âge de 58 ans. Il faudra attendre la sortie de tous ses enregistrements pour prendre conscience de l’importance de cette marraine du rock’n’roll qui finalement sera intronisée au Rock and Roll Hall of Flame en 2018 et gratifiée d’un Grammy Lifetime Achievement Award en 2020. ″Si l’on voulait citer un interprète qui incarne l’essence même du rock’n’roll avant que cette musique n’ait un nom, Rosetta Tharpe serait en tête de liste… Personne – pas même Chuck Berry, Scotty Moore ou Keith Richards – n’a joué un rock’n’roll aussi sauvage et primitif que cette femme″ [Richard Williams – The Guardian].
Patrick BETAILLE, mars 2022. Cliquez ici pour retrouver tous les articles: Black Bonnie!