[La Reprise du Jeudi] The Flaming Lips & Nell Smith – Girl in Amber

Dans le monde du rock alternatif, les Flaming Lips occupent une place à part depuis trois décennies marquées par des albums aussi riches que gentiment perchés, marqués par la personnalité extravagante de leur leader Wayne Coyne. Sa dernière idée en date est un album de reprises de Nick Cave, il s’appellera Where the Viaduct Looms et sortira le 25 octobre. Une info intéressante pour les amateurs des artistes concernés, mais pas tout à fait dingue non plus. Sauf que, pour l’occasion, le groupe a décidé de confier le micro à Nell Smith, une fan de … 13 ans. Le premier extrait est Girl in Amber, un titre extrait de l’album Skeleton Tree en 2016.

Cette chanson tient une place particulière dans la discographie de l’australien. Elle évoque le deuil. Il a commencé à l’écrire en 2015 en pensant à des proches qui avaient perdu des personnes qu’ils aimaient et qui revivaient en boucle une série d’événements sans pouvoir en sortir, prisonniers du passé. Puis, son fils Arthur est mort à 15 ans, tombé d’une falaise. Alors Girl in Amber a pris une dimension encore plus tragique, et il a su qui était cette femme, c’était la sienne, Suzie, enfermée dans son chagrin immense et revivant sans cesse le moment où elle avait appris la terrible nouvelle, où tout s’état effondré autour d’elle. Nick Cave ajoute que le titre a eu aussi un effet cathartique pour eux deux, et les a aidé à se libérer.

Dans l’interprétation, il est au piano et la détresse est prégnante dans sa voix. Les Bad Seeds sont deux pas derrière, discrets mais présents comme on l’est pour un ami dans ces moments là.

Alors, faire chanter cette chanson à une gamine peut paraître un peu tordu. Hélas, il n’y a pas d’âge pour être frappé par le malheur. La voix légèrement autotunée se réfugie dans un cocon pop tissé par les Flaming Lips, il n’y a pas l’accablement, propriété des adultes, juste une douce tristesse.

Sur son site internet, Nick Cave a réagi à cette version : « Cette version de Girl in Amber est tout simplement adorable, j’aillais dire que Nell Smith habite la chanson, mais c’est faux, elle libère la chanson d’une manière dont je n’aurais jamais pu faire. J’ai toujours eu du mal à m’éloigner de cette chanson particulière, et à la chanter avec le retrait nécessaire, les mots étaient trop tordus, je suppose. Nell montre une remarquable compréhension de la chanson et un détachement à la fois magnifique et effrayant. J’adore, je suis fan. »