[Live Report] Barbara Pravi – Été à Pau – 30/07/2021

Hier soir, au Théâtre de Verdure, il y avait Barbara Pravi et Benjamin Biolay, les têtes d’affiche du Festival l’Été à Pau, qui fête cette année ses 40 ans.

Qui dit têtes d’affiche dit forcément : espace bondé. Je remercie donc chaudement les deux personnes qui se sont volontairement poussées pour me laisser une petite place sur leur banc, sans qui j’aurais certainement passé toute la soirée debout.

À titre personnel, je venais principalement pour voir Barbara Pravi. J’avais vaguement entendu parler d’elle pour avoir ouï dire qu’elle avait fait un malheur à l’Eurovision (mais je ne regarde pas l’Eurovision), puis je l’avais réellement découverte dans une interview sur Internet, et déjà, ses chansons m’intriguaient. Voilà, bien sûr, mais aussi sa réécriture des Notes pour trop Tard d’Orelsan et Chair. Les artistes françaises à voix et à textes se font rares aujourd’hui.

Voici donc cette jeune femme pleine de prestance et tout de noir vêtue qui monte sur scène seule face à des centaines de paires d’yeux curieux qui l’observent, et qui commence à chanter. Son timbre puissant et saillant résonne dans tout le théâtre. Car Barbara Pravi, c’est d’abord une voix, qui allie l’émotion brute de ses textes engagés à une technique vocale indiscutable.

Elle est vite rejointe par Tom au piano et Maïa au violoncelle. Tom, un peu stressé car c’est la première fois qu’il l’accompagne, et, comme elle le dit elle-même « C’est toujours stressant, les premières fois ».

Les chansons s’enchaînent et c’est la folie. Des expériences de l’intime aux dénonciations de la condition féminine, les textes pointent du doigts les violences physiques et psychologiques faites aux femmes, par les hommes, d’un côté, par la société, de l’autre ; les codes auxquelles elles sont sensées devoir se soumettre, les obstacles et les plafonds de verre auxquelles elles se cognent, tout ceci est chanté avec tant d’authenticité et de coeur qu’on sent que l’artiste s’y est personnellement confrontée. Tout ceci dans une mise en scène sobre qui sied bien au personnage. Pas d’artifices ni d’extravagance : de la classe, de l’humilité et, précisons-le, de la complicité avec les musiciens ainsi que de la reconnaissance envers les techniciens du Festival.

La tonalité reste sombre, ce ne sont pas des chansons heureuses, ce sont là les scènes de vie d’une jeune adulte qui a certainement mordu la poussière, mais qui s’en est relevée. Car sa plume n’est pas seulement faite pour dénoncer ; elle est porteuse d’un message destiné aux jeunes femmes en devenir, un message qui dit : restez fières devant cette société impitoyable qui passera son temps à vous intimider et à vous juger de haut en bas.

Après avoir interprété des inédits plus rythmés comme Mes Maladroits ou La Femme qui figureront sur son nouvel album (dans les bacs le 27 août), Barbara Pravi termine en apothéose avec le titre qu’elle a interprété à l’Eurovision : Voilà.

Standing ovation de la part du public pour ce trio bien accordé et pour cette artiste singulière qui a conquis tout le monde en à peine une heure. Les seuls petits points noirs sont les interventions entre les morceaux qui, à mon sens, sont à perfectionner ; mais le trac et la foule nombreuse n’aidant pas à se sentir à l’aise dès le départ, les quelques maladresses sont excusables.

En ce qui me concerne, j’irai écouter l’album dès sa sortie sur les plateformes de streaming et je suis convaincue que l’Eurovision n’a été pour Barbara Pravi qu’un tremplin, une simple étape dans sa vie d’artiste qui a un grand avenir devant elle.

« Voilà ! »

Écouter : CHAIR – Barbara Pravi

Crédits photo : Joel Saget

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