Brooklyn Funk Essentials – Jazz In Marciac – 26/07/2021
Décidément, les soirs au chapiteau se suivent et se ressemblent un peu. Non pas dans le style mais dans l’énergie et le plaisir revivifiant qu’il nous procure. Si l’on avait quelques nuages gris au dessus de la tête, quelques idées noires, quelques nostalgies persistantes, tout s’effiloche en un instant dans leur flow puissant et sans édulcorant. Brooklyn Funk Essentials, est là avec son groove pied au plancher pour vous tournebouler les zygomatiques et vous chauffer à blanc. Ce collectif de musiciens qui existe depuis 1993 a été créé en pleine période acid-jazz. Il a vu défiler nombres d’artistes et d’influences, de la tradition Duke Ellingtonienne, au jazz libertaire, de la soul, au folklore turc, du hip hop au jazz ethnique, du ska à la house et au rap. C’est dire!! C’est un vrai melting-pot réussi avec comme colonne vertébrale un bon gros funk des familles, une turbine torride et débridée. Aujourd’hui ils sont sept avec la présence déterminante du guitariste Desmond Foster, bien influencé par le reggae (il en porte le généreux bonnet) dont la chaude voix se permet belles incursions, quelques vénérables anciens et des petits nouveaux bien intégrés. Si j’osais une comparaison déplacée.. (mais je vais oser) le funk c’est comme si on dégustait un cassoulet à Castelnaudary!! Pas trop de surprises, on sait qu’il y aura de moelleux haricots, des saucisses croustillantes, du confit savoureux et que ce sera bon!! Un peu attendu, un peu envahissant mais bon, vraiment super bon!! Du qui tient au corps, qui te refait la vie belle et l’estomac satisfait. Et le tour de main du cuistot…. Dans la marmite, les ingrédients sont beaux et gorgés de saveurs. Brooklyn Funk Essentials c’est cela, un marathon funky, jamais à bout de souffle, réglé au millimètre, propre dans son déroulé et sa structure mais surtout pas exempt de folies, goûtu jusqu’à la moindre note. Mais ce qui fait la différence dans cette formation, avec d’autres groupes de funk, c’est la haute qualité des musiciens et leurs originalité dans les solos. Les deux soufflants sont étonnants: le saxophoniste Sven Anderson n’hésite pas à prendre des libertés tirant vers Macéo Parker sans casser l’unité des morceaux et que dire de la jeune tromboniste Ebba Asman (qui nous prouve, s’il en était besoin, qu’on peut être blonde, femme et blanche et improviser follement). Elle est bluffante de facilité et de cohésion. La section rythmique, menée par le fondateur du groupe, le bassiste suédois Lars ‘Lati’ Kronlund, et le batteur Hux Nettermalm est surpuissante et n’hésite pas à rentrer dans le lard. Elle ne fait pas dans le détail et on s’en réjouit. D’ailleurs ils ont tous les deux avec leurs bandeaux, tatouages et casquettes des allures de loups de mers menant le bateau de «Pirates de Caraïbes». Maîtres à bord de la cohérence et de la couleur, ils savent où ils vont. Et ils y vont!! La voix incandescente, puissante et chaude d’Alison Limerick mène le bal, harmonisée à trois (avec le guitariste et la tromboniste) ou en questions réponses avec le groupe soutenue par le piano intelligent de Philip Neterowicz. Elle est d’une présence remarquable, d’un groove imperturbable. Tous ensemble, ils avancent. Et même si à certains moments, on ne sait plus à quels saint se vouer, à quel style se rattacher (ça change parfois en milieu de morceau), on s’en fout un peu…. C’est bon, très bon, c’est croustillant, savoureux et copieux. Ce soir à Marciac, le public s’est enflammé devant ce groupe joyeux et débridé, cette générosité sonore et festive. La funk, petite fille excentrique du jazz a bien vibrée et nous a fait vibrer.
Sur scène, les Brooklyn Funk Essentials sont inarrêtables et c’est tant mieux… On a fini repus et comblés, l’estomac plein et la tête au soleil de minuit. Le pied !!
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Texte : © Annie Robert
Photos : © Thierry Dubuc : Cliquez ici
Lieu : Marciac, (FRANCE) | 26/07/2021