[La Reprise du Jeudi] Anita Lane & Nick Cave – Je t’aime, moi non plus
Les médias nous apprennent parfois la disparition de personnes dont nous ne connaissions pas l’existence, situation paradoxale s’il en est. Quand quelques titres annonçaient le décès de Anita Lane à 61 ans, nous étions sûrement plus d’un à n’avoir jamais entendu parler de la dame. Un nom qui sonne bien, entre Anita Pallenberg et Penny Lane.
Au début des années 80, l’australienne sort avec le jeune Nick Cave, elle collabore avec son groupe Birthday Party et aux premiers albums des Bad Seeds, elle co-écrit plusieurs titres, dessine des pochettes. Elle livre son premier album solo Dirty Sings en 1988, puis collabore avec les groupes industriels allemands Einstürzende Neubauten et Die Haut puis avec un autre Bad Seeds, Mick Harvey, sur sa série d’adaptation en anglais de chanson de Serge Gainsbourg (Intoxicated Man en 1995 et Pink Elephant en 1997). C’est pourtant dans son album solo de 1995, The World’s a Girl qu’on trouve un reprise de Je t’aime, moi non plus qui devient I Love you, nor do I. Pour lui donner la réplique, elle fait appel à son ex, Nick Cave.
Si les artistes français ont longtemps adaptés des chansons françaises, on sent bien que l’inverse n’est pas forcément évident. L’anglais et la simplicité de ses mots qui glissent sur les mélodies, est parfait pour le pop /rock, mais le français peut permettre un vocabulaire plus riche. Le « Nor do I » se semble pas très confortable, « au creux de tes reins » devient un simple « inside you ». Néanmoins, le charme du couple fait le reste. L’orchestration reste fidèle à l’original, bien que plus électrisée. L’image choisit pour la vidéo Youtube, avec le jeune Nick Cave au réveil, vaut aussi le détour.
Continuer avec les reprises enregistrés par Anita Lane serait délicat. En effet, ses versions de Sexual Healing, période indus allemande, et de These Boots are made for Walking, avec scratchs et un autre Bad Seeds Barry Adamson, sont pour le moins déroutantes. Quant à Je t’aime, Moi non Plus, rares sont ceux qui ont osé se mesurer au couple Jane Birkin & Serge Gainsbourg, sur la chanson érotique par excellence. On peut l’aborder différemment, peut être avec humour parce qu’on n’est pas tous 100% glamour. On note donc la prestation de Arthur H et Brigitte Fontaine au Trianon, où cette dernière finit par lâcher un poilant « Veuillez cesser ce va-et-vient ridicule, entrez ou sortez ! »
On ne se quitte pas sans un clip original :
Pour « These Boots… » elle aurait mérité d’être dans Nouvelle Vague !