Le Son du moment – Tample / Glory
Début 2018, on vous faisait découvrir Tample et son premier album Summer Light. A l’Ecran du Son, on aime bien quand les artistes confirment avec un 2ème album, surtout si on aime ce qu’ils font !
Tample ne se plie pas docilement à un cahier des charges. Pop en mille-feuilles, mouvante, sombre, dansante. Les velléités de cette musique sont multiples, elles jouent à saute-mouton avec le passé et présent, culbutent liesse et spleen. Mais il y a une constante et une loyauté sans faille chez ce groupe. Celle d’ériger la mélodie au rang de patronne : fédératrice, altière, mordante.
Débarqué il y a trois ans avec Summer Light, le quatuor bordelais est maintenant un trio, et pourtant il élargit son horizon. Plus minutieux et riche dans ses lignes harmoniques, plus tranchant dans ses partis-pris, plus aérien avec un ciblage prononcé sur les claviers. Tample s’exprime à sa manière tout en honorant les formations qu’il vénère. C’est WhoMadeWho qui fait des câlins à Isaac Delusion, Hot Chip qui embrasse Jungle, Parcels qui dresse une accolade à New Order.
Tample, c’est aussi la collision de la tension à angles variables et de l’efficacité, du dance-floor et de l’after. Nostalgie en mouvement, moderne, pleine de souplesse, jamais écrasante, disponible pour imposer sa fraîcheur. Les éléments vintage reçoivent ici l’hospitalité des sonorités électroniques, la sensualité débraillée se fond dans une quête de la beauté diaphane.
Ce nouvel album, cet album qui n’oublie pas de mettre en avant la voix attrape-coeur, épaisse et chaude de Sam, tête pensante de la formation. Elle jette notamment un voile crépusculaire sur Glory, morceau inaugurale menaçant comme un orage jusqu’à délivrance du refrain et sur lequel erre de jolis spectres des eighties. Au sein de ce disque court, neuf titres, et romantique, les personnages mis en scène ont souvent des élans émotionnels verrouillés par une incapacité à les verbaliser.
Valse-hésitation, souvenir de jeunesse, crainte de l’engagement ou penchant pour le danger jaillissent d’une écriture qui ouvre cette fois-ci une fenêtre sur le français (Idées blanches, Western). Il y a aussi dans cette toile polychrome des riffs western, un hymne au surf, une basse acoustique bondissante, des guitares avec trémolos, une légèreté sourde, des harmonies vocales joueuses, des trouvailles planantes, un abandon pour se trémousser d’un air douloureux. Et un final en cascade, insidieux, à la fois chasseur d’éclairs et acrobatique. Welcome to Nirvana, alors. Pour droguer les sens.