[Chronique] Other Lives – For their Love
Vous avez déjà eu une cabane au fond de la forêt ? Elle ressemblait à celle de la pochette du nouveau disque de Other Lives ? Non, vous aviez le modèle en dessous ? On est beaucoup dans ce cas … Cette maison, Jesse Tabish, songwriter et leader du groupe, et sa femme l’ont retapé dans un bois d’Oregon. Le matin, depuis la terrasse, ils peuvent voir des grizzlis gambader dans le jardin. C’est chez eux, donc on ne peut pas la louer sur Airb’n’B. Il semblerait qu’ils aient fait du bon boulot, qu’ils y aient mis le même soin que dans l’écriture de leurs albums. Du travail d’orfèvre en somme.
Cette maison a joué un rôle important dans l’enregistrement de For their Love, leur quatrième effort. On se retrouve dans le salon pour le clip de Lost Days, le premier extrait. Et là, tout est beau, l’environnement est beau, le parquet, les tapis persans, les gens sont beaux, les multiples instruments utilisés sont beaux et puis, le plus important, la musique, magnifiquement orchestrée, est belle. C’en est presque agaçant. La suite déroule avec grâce et une certaine majesté. La rythmique frappe sèchement, implacable sur Cops, mais cordes et percussions claires, dynamiques viennent réchauffer l’ensemble.
All Eyes ou Who’s gonna Love you Now enchantent, envoûtent même, joués dans ce salon, dos à la nuit tombant sur les cimes, à travers ces grandes parois vitrées, ils doivent créer une atmosphère à la limite du réel. Ils font parti de ces titres à portée cinématographique, tout comme Nites Out, mais lui pour une autre raison, lui créé une angoisse. On imagine une jeune fille en nuisette courant dans un couloir, fuyant un danger invisible, mais peut être irrésistible, bref, quelque chose comme Suspira de Dario Argento.
A ses temps perdus, Jesse Tabish pose un chapeau de cowboy sur sa longue chevelure et ça donne un Hey Hey I à la fougue de mustang. On vous avait dit qu’il était agaçant ! Si on doit trouver un défaut objectif à cet album, ce sera peut être un manque de sobriété. Les albums précédents de Other lives étaient tout aussi remarquables, et Rituals, paru en 2015, était parcouru de nappes électronique. For their Love revient à du tout organique, mais par moment, additionne trop les éléments, qu’ils soient à touches, à vent ou à cordes. Hormis ce léger reproche, il est clair que l’on tient là un album indé folk magistral !