[Chronique] Porridge Radio – Every Bad
Chaque année, la Grande Bretagne, principale pourvoyeur européenne de talents musicaux, s’enflamme pour ses principaux prospects. Un EP, deux, trois singles, des articles de presses et le petit milieu du rock indé attend l’album avec la même fièvre que le prénom du prochain royal baby. Porridge Radio, dont le nom réfère à une bouillie ô combien anglaise, est un de ces prospects.
Le groupe de Brighton avait franchi les différentes étapes brillamment. Après quelques EP prometteurs (le titre Eugh, quelle réussite !), les singles Sweet et Lilac avaient renforcé l’impatience et créé une réelle excitation. Malgré son nom, Porridge Radio ne sonne à priori pas très local, plutôt grunge américain, daté des 90’s, et possède une chanteuse charismatique et habitée. Même si elle en fait un peu trop dans le clip de Sweet, ce morceau impressionne dans la maîtrise de la tension et des tempos. Tempêtes et accalmies se succèdent pour des montagnes russes émotionnelles vertigineuses. Lilac commence comme une chanson pop aux douces couleurs pastels. On est dans l’auto-persuasion, tout va bien se passer, mais on sent bien la pression monter au fur des minutes, et bien sûr, l’explosion finale n’en est que plus spectaculaire.
Et puis l’album Every Bad, sorti chez Secretly Canadian, est arrivé mi-mars, avec déjà cinq titres connus sur onze. Il est loin le temps où on rentrait de chez le marchand de disques avec le vinyle / cassette / CD (rayez selon l’avancée de votre âge) de son artiste préféré et qu’on enlevait religieusement l’emballage sans avoir aucune idée de ce que contenait l’enregistrement.
Bref, est-ce que Every Bad a encore quelque chose à offrir ? On commence de belle manière avec Born Confused. L’ennuie, le mal être de la jeunesse semble être le fil conducteur de l’écriture de Porridge Radio mais pourtant cette ouverture est joyeuse. Et bien tant mieux ! Lors des futurs concerts, Don’t Ask Twice fera remuer les têtes nerveusement, d’avant vers l’arrière, alors que Nephews fera balancer les corps lentement, de gauche à droite. You’re wasting my time » / « I’m wasting my life », répète la demoiselle aux cheveux ras à longueur de Long, un titre intense et très bien bâti qui pourrait faire penser aux premiers Cure, mais les sujets abordés tout au long du disque pourrait lasser ceux dont la vie est désormais rangée (quoi qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait !)
Tant mieux ! doit se dire Dana Margolin, chanteuse dont le charisme et la personnalité irradient tout au long de ce Every Bad. Peut être a-t-elle les atouts d’une future icône, peut le groupe deviendra grand, en tout cas, il devrait très vite trouver son public, si ce n’est déjà fait.