[La Reprise du Jeudi] Le Vent nous portera

Intéressante histoire que celle de Coco Bans. L’artiste américaine est installée en France depuis une dizaine d’année, l’étudiante dans la mode évolue désormais dans le monde de la musique, dans des sphères électro-pop. Elle a collaboré avec des gens aussi renommés que Lil Wayne ou Jabberwocky et a sorti son premier EP en 2019. Celle qui se revendique féministe et fière de l’être est tombée amoureuse d’une chanson de Noir Désir dans sa découverte de la langue française : Le Vent nous portera. Ce n’est plus tard qu’elle apprend l’histoire de Bertrand Cantat, Vilnius, et arrivent avec les problèmes de conscience que l’on peut imaginer.

Il ne s’agit pas seulement d’un problème personnel mais aussi d’un sujet de société. Avant le COVID-19, la nomination aux Césars du film « J’accuse » de Roman Polanski avait fait grand bruit. Les partisans de la séparation de l’homme et de l’oeuvre contre ceux qui pensent que les crimes de l’homme salit l’oeuvre. Tout ça manque souvent de nuance et Coco Bans vient apporter une troisième voie tout à fait pertinente : celle de l’appropriation. Elle apporte une voix de femme à un texte dont la beauté n’est plus à démontrer et c’est des images de la lutte pour la cause, datant des années 1920 et 1960 qui viennent illustrer le clip.

Impossible de parler des reprises de cette chanson, d’autant plus par des artistes féminines sans mentionner celle de Sophie Hunger. Sa version est brute d’émotion et que dire de la vidéo, ce plan de son visage entre ombre et lumière, magnifique ! Elle l’avait intégré à son album 1983 paru en 2010.

Le Vent nous portera était paru en 2001, en single sur dernier album studio de Noir Désir, Des Visages, des Figures. Le groupe était apparu moins abrasif qu’à l’accoutumé, plus apaisé et aventurier dans ses compositions. Le titre avait cartonné, notamment grâce à cette guitare caractéristique, celle de Manu Chao, vous ne l’avez pas oublié.