Le Son du moment – Theo Hakola / Who The Hell?
Romancier, acteur, producteur, réalisateur, homme de théâtre, journaliste, poète, globe-trotteur… c’est peu dire que les personnalités sont nombreuses à cohabiter dans l’énigmatique et diaphane silhouette de Theo Hakola. Parmi toutes celles-ci, c’est certainement l’homme de musique qui a la part du lion. Et la plus grande reconnaissance d’un public qui le suit depuis les années 80 et les débuts tonitruants de Passion Folder et Orchestre Rouge. Il a même réalisé-produit le 1er EP de Noir Désir.
Aujourd’hui, “Water is Wet”, huitième album solo, se pose comme une évidence à l’instar de la douce ironie de son titre, référence en trompe-l’œil aux jeux de faux semblants de notre époque et à la nécessité vitale et orwellienne de distinguer le vrai de l’affabulation. Une évidence au charme subtilement anachronique où le parti pris artistique est celui de ballades rock organiques matinées d’americana, construites autour d’une guitare électrique omniprésente et du chant lancinant de son auteur, improbable crooner entre Tom Verlaine et Chris Isaac, dont l’œuvre continue bien sûr de rappeler son lien à celles de Bob Dylan ou de Nick Cave.
Déclarations d’amour à l’arrogance assumée, chansons de rupture emblématiques, charges politiques frontales, pieds de nez à la bienséance, clins d’œil multiples parsèment l’album, qui coule en une longue rivière sauvage avec ce phrasé flegmatique caractéristique d’un dandy du siècle. Toujours servies par le sens de la formule fatale et le sarcasme railleur d’un homme qui a traversé de nombreuses vies, les paroles, souvent truculentes, sont évidemment au rendez-vous de ce nouveau disque, qui est aussi celui d’un grand écrivain s’interrogeant sur son époque – et notamment la situation politique de son pays de naissance, les USA, tout comme son dernier roman “Idaho Babylone” (Actes Sud).
Si l’eau mouille indéniablement, elle n’a pas éteint la flamme de Theo Hakola.