[Chronique Album] Bodega – Endless Scroll
Alors on vous prévient de suite, cette Bodega là n’a rien à voir avec des taches de vin aux férias de Bayonne, tout comme la pop fragile de San Fermin n’avait rien à voir avec l’encierro au petit matin dans la capitale navarraise. Bodega est la dernière sensation en provenance de New York (avant le prochaine) et son premier album Endless Scroll est là pour en témoigner.
La musique est globalisée depuis longtemps, un groupe de Châteauroux peut sonner comme le Velvet Underground sans problème. Et pourtant, certaines villes gardent leur aura, un son particulier, les membres de Bodega ne sont pas castelroussins, ils sont new-yorkais, c’est sûr. Dès le premier morceau How did it happen, l’ombre de Sonic Youth plane sur le disque ainsi qu’un beat entêtant rappelant LCD Sound System. Une certaine ironie piquante aussi, « everybody is equal now, masters and slaves » s’insurgent ils. Il y a un côté arty qui pourrait faire tiquer certains allergiques aux hipsters, mais il ne faut pas. L’énergie qui se dégage du chant scandé touche au punk. Elle est sans filtre et donne du groove avec générosité dans l’acte de naissance Bodega Birth. Et puis, ils le disent eux même dans I am not a Cinephile, c’est pas des intellos, ils ne diront pas qu’ils admirent la Nouvelle Vague depuis tout petit. Les voix masculines et féminines se succèdent, se croisent et s’additionnent, personne ne gagnera The Voice ici, mais elles valent plus par ce qu’elles véhiculent que par leur timbre. Gyrate parle d’un objet intime qui tourne sur lui même et c’est son utilisatrice qui prend le micro à cette occasion.
Charlie est plus pop, une mélodie n’est pas de refus suite à toute agitation. L’album se termine sur une vérité qu’on voudrait plus vraie que fausse, Truth is not Punishment. Bodega réussit un premier album de post-punk dynamique et frais, bien produit par Austin Brown de Parquet Court, un autre fleuron de la scène new-yorkaise. Un groupe à suivre assurément pour les années à venir.