Un vendredi au festival Musicalarue

C’est pareil chaque année autour du 15 août, la moitié des Landes file vers les férias de Dax, l’autre au festival Musicalarue à Luxey au milieu des pins. C’est grand les Landes il y a de la place pour tout le monde. Le festoche en est à sa 29ème édition, et accueille une programmation majoritairement hexagonale, des artistes établis ou petits derniers pour un public tout aussi large, des familles avec enfants aux punks à chien percés tatoués, aux couples de retraités se tenant la main dans les rues du village.

Tout le monde aime Pierre Perret, les gradins du Théâtre de Verdure remontant de la lisère du bois sur l’ancienne fabrique sont pleins. A l’âge avancé du monsieur, on ne sait plus ce qu’on a mangé le midi mais on se rappelle très bien des plaisirs de sa vie. Sourire coquin, il évoque Estelle, Corinne et Alphonsine avec des grivoiseries qui pourraient être vulgaires ou faire vieux dégueulasse dans la bouche d’un autre, mais lui y met une tendre bienveillance. Il teste le public sur les paroles de ses chansons qui connait tout par cœur. Au delà des textes marrants il y a les touchants et plus sérieux, de Lily à Mon P’tit Lou, refusant sincèrement toute violence, et puis ceux appelant juste aux bonheur simple, à être bien dans sa vie comme à Castelsarrazin. Un mec avec un t-shirt des Béruriers Noirs hurle « Pierre Perret est le roi !« , sûrement qu’il n’en demande pas tant, mais c’est le papy rêvé et un modèle d’humanité.

Le Very Small Orchestre s’est mis sous les ombrages de la place Saint Roch, la plus près du Cercle, le bar du village, les gars se sont sapés à la Reservoir Dogs pour jouer leur rock poisseux. A la guitare tranchante de Vincent Bosler s’ajoutent des instruments plus folk, accordéon, violon et un harmonica pour le dramatique. Biscarosse, Bayonne, Sore, c’est des gars du Farwest, celui de la France mais leur musique fait écho aux States pour des reprises du Ramblin’ Man d’Hank Williams ou de Enter Sandman. On sent bien la bande de potes heureux de jouer ensemble, un hymne à Biscarosse et on va voir ce que les chasseurs ont préparé de bon à manger.

Le Very Small Orchestra sur la scène Saint Roch

C’est que le Feu ! Chatterton s’apprête à investir le Théâtre de Verdure. Cette scène assure une proximité au public inexistante sur la principale. Le groupe commence par nous transporter du ciel avec un Boeing dansant aux océans avec un immense Côte Concorde. Arthur danse ou vacille à l’évocation de Ginger, il semble inspiré par l’endroit, c’est vrai que nombre de leurs chansons ont un cadre bucolique de Zone Libre à évidement La Mort dans la pinède, ils ont d’ailleurs enregistré leur dernier album non loin de là à Léon. Ophélie est une explosion rock alors que La Malinche va faire danser longtemps. Le groupe livre un set magnifique de présence, dans un degré d’intensité supérieur au concert du Zénith de Pau de ce printemps.

A l’internat au lycée, on passait en boucle Je t’emmène au vent de Louise Attaque, Legalizacion de SKA-P et puis Matmatah. Et 20 ans après, voici les Bretons sur la grande scène des Sarmouneys, du monde à perte de vue et bien sûr le drapeau de là bas qui flotte loin devant. En fait, ils étaient déjà à l’affiche l’an dernier, mais le concert avait tourné court à cause d’un violent orage. Les gars avaient d’autres morceaux en poche que ceux de La Ouache, on se rappelle Au Conditionnel oublié depuis des lustres et puis de nouveaux morceaux sonnant plutôt pas mal. Point de biniou ici, que des guitares acérés, et puis tout le monde chante au bon souvenir d’Emma. Des invités de la Belle Province arrivent sur scène, une guitare supplémentaire et une cornemuse, c’est l’heure de l’hymne, Lambé An Dro ! « Y’a du chouchen à volonté … »

Ce qui se passe au Théâtre Verdure n’est pas commun, Loïc Lantoine est accompagné d’une vingtaine de musiciens, c’est déjà carnaval, c’est le Very Big Experimental Toubifri Orchestra. Cuivres et percussions diverses et variées s’agitent autour de la voix cassée et de l’accent de là bas en haut du chanteur aux airs de Arno en moins brut et massif. Mais la même folie, le surréalisme en plus. Ce qui est beau devient cacophonie organisée, bruyante hystérie, l’homme s’affaisse le long de son pied de micro en hurlant « Faut pas dire du mal de Johnny ! » Des gens s’en vont, on lit l’horreur dans leurs yeux, et puis on bascule sur un moment de poésie pure, l’histoire du cheveu blanc de la plus belle femme du monde poussé par un orchestre euphorique est magnifique. Il lit un manifeste à l’amour et la vie avant de repartir dans un grand bazar de cuivres emmêlés.

Loïc Lantoine entouré du Very Big Experimental Toubifri Orchestra

Vous avez remarqué comme la température commence à descendre en même temps que la nuit à cette période ci du moi d’août ? A Saint Roch le public  pousse des grondements et Ultra Vomit parodie Rammstein en faisant vrombir leur Kammthaar.

A dimanche !

 

PS : Désolé pour la qualité des photos, suis pas le photographe de la bande.

 

 

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