Chronique – Mattiel / Mattiel LP
Le métier officiel de Mattiel Brown est graphiste. Est elle une bonne graphiste ? Aucune idée. Mais une chose est sûre, lorsqu’elle a choisi de s’associer à Randy Michael et Jonah Swilley pour assouvir son autre passion, la musique, l’idée était très bonne, puisque le premier LP éponyme de Mattiel est une petite merveille.
Les premières notes de Whites of their Eyes peuvent faire penser aux Black Keys, le garage Bye Bye a des airs de Strokes, Baby Brother le charme débraillé des Growlers, mais ce ne sont pas vraiment des influences encombrantes, elles ne suffiraient pas à cacher la personnalité de la demoiselle et sa voix puissante. Il faut dire qu’avant tout ça, elle a grandi dans la ferme de sa mère dans la campagne de Géorgie où elle aidait aux travaux agricoles et se gavait de cinquante ans de musique américaine. Tout est là et parfaitement digéré sur ce disque l’orgue rétro de Send it Over, les cuivres de Baby Brother, les guitares lourdes et rouillées de Five and Tens. Cass Tech est un folk magnifique de prestance, Just a Name une ballade sortie du tout début des années 60 que vient encore surpasser Count your Blessing.
Sévère ou fun, vous l’aurez compris, c’est tout un pan de culture américaine, des juke box à la sauce BBQ qu’a fait sienne Mattiel pour un épatant premier disque sorti chez les Californiens de Burger Records, avec un délicieux côté rétro qui ne gâche rien.