Kepa – Doctor, Do Something
A Pau, on avait découvert Kepa lors du tremplin Discoverse, qu’il avait perdu, mais le rôle du perdant flamboyant lui allait bien. Et puis en musique on devrait pas gagner ou perdre, a-t-on déjà entendu des phrases du type « Oh un combiné slide harmonica bien mal noté par le juge kazakh ! » Non. Et puis on l’a revu à maintes occasions, dans les bars, en plein air, en hiver, en été. Bastien Duverdier était un skateur pro jusqu’à une grosse blessure. S’il n’a pas rebondi au moment de sa chute apparemment lourde, il l’a fait vite après, devenant Kepa le one man band dépassant vite les frontières de la région, une première partie de Gregory Porter à l’Olympia, une tournée en Amérique du Nord, divers enregistrements dont un premier album Low Low Wind et maintenant Doctor, Do Something sur le label landais Haïku. Un disque enregistré à Montréal avec Taylor Kirk de Timber Timbre, rien que ça.
Kepa fait du blues, pas celui qui traîne tous les malheurs du monde, pas non plus celui qui fait admirer sa technique de branleur de manche, le sien est instinctif. Il suit ses envies, regarde passer le train, siffle avec les oiseaux, charme du bout de sa fine moustache sur Hello Babe. L’instrumental Don Pietro pourrait précéder un drame dans un vieux film, Born to Die pique par son calme. Et puis il y a ce rythme, notamment sur le titre éponyme, primitif mais imparable, un peu comme le Didley Sound, qui fait bouger du maracas sans s’en rendre compte, cet harmonica fou, cette exubérance vocale, ces changements brusques de tempo, cette liberté totale qui font tout le charme du personnage.
Un personnage insolent d’aisance qu’on jurerait échapper d’un roman de la beat génération, qu’on verrait arpenter les routes le bagage et l’esprit léger. Dans un baluchon, un nouveau disque avec quelques vieux titres réarrangés, dont Maman, et pas mal de nouveaux, prêt pour de nouvelles aventures, toujours avec cet air d’avoir trouver une guitare devant sa porte le matin même.